Information

Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

Point d’interrogation

L’aimé-je pour le ciel délicieux de ses grâces

pour son rêve brandi comme un glaive de feu

pour son cœur interdit aux baisers des médiocres 

L’aimé-je pour l’espoir que sa beauté piétine 

pour son vœu d’avancer de désert en désir 

pour son regard ouvert aux étoiles de l’âme

L’aimé-je pour l’été dont s’éprend son sourire

pour ses guerres menées aux confins de l’amour

pour sa passion rendant nos sagesses poussière

L’aimé-je pour l’éclat qui dore tous ses gestes

pour ses parfums tapis dans le noir d’un secret

pour son intransigeance où s’extasient les foudres

L’aimé- je pour l’azur à fleur de sa nuit même 

pour son poème écrit à l’encre de son cri

pour sa chasse fervente à quelque biche blanche

L’aimé-je pour le jeu savant de ses caresses

pour son refus d’œuvrer à nos tours de Babel 

pour ses fièvres de sang qu’elle accroche aux statues

L’aimé-je pour le deuil que son plaisir violente

pour sa prière éclose au charnier de l’orgueil

pour ses rubis jetés avec joie dans la fange

L’aimé-je pour la neige à quoi sa chair s’enlace

pour son bûcher offert à qui défie la mort

ou pour telle raison que la raison ignore


Poème de M. de Saint-Michel
Lien direct du poème

In Memoriam

Entre Víznar et Alfacar

que reste-t-il ?

Sinon un peu d’oxyde de craie en poudre…

Pas grand-chose.

_

Et pourtant j’écris encore

du presque rien

en une langue qui m’étrange.

_

Je contemple le minuscule et m’étonne

de lire les graffs des cristaux de sel

déposés au bastingage froid

de voir les hirondelles de mer

piqueter d’encre le parchemin sablé du ciel.

_

Un premier soleil d’automne ébauche

sur mes épaules

une douceur oubliée.

_

Dans quelques encablures, au-delà du goulet,

les vagues nous ramèneront à l’instable :

corps obliques arrimés au vent de vitesse

gorges que le sel embrase.

_

Et les grands rêves côtiers disparaîtront

derrière des cataractes de brume

des miroitement de jaspe

_

reparaîtront sans doute à l’iridescence

d’un geyser au loin—

ses exhalaisons indéfinissables de krill

d’ambre gris…

Ecrirai-je encore alors ?

_

Rien ne se lit sur les visages noircis

hormis l’intense concentration

aux margelles des pupilles étroites.

_

Coude à coude ; les mains se frôlent ;

s’assurent ;

Vous ai-je jamais dit que…

Dans l’intense du silence qui nous étreint

qui nous porte.

_

Dérive…

Jusqu’au jour où une larme—

sillon dans le cirage—

dira les insomnies blafardes

et toute la douleur d’un homme.



Poème de Anwen
Lien direct du poème

Je & M

Ils sont tous deux si beaux
Je vois les moulins de leurs cœurs
Etoiler mon horizon
J’entends leurs rires rallumer aux éclats
Les cierges de ma foi
Leur innocence draper de soie
Tous les crimes du moment
Nul acide ne pollue l’eau claire de leur amour
Pourtant ils ont grandi avec
Le Bataclan, le COVID et Butcha
Mais leur forteresse s’appelle Enfance

De grâce ma fille

« Ignore les catapultes
Que le monde des adultes
Fourbit dans votre dos »


Poème de Minofabbri
Lien direct du poème

Du soleil plein les yeux

allongé sur l’herbe,


du soleil plein les yeux,

non pas la morsure de feu
au cœur d’un été sauvage
mais, sur la peau, déjà
la caresse de l’arrière-saison

le parasol rabattu maintenant,
dressé sur son mat
comme orphelin,
                  et prêt à l’envol

vers l’immensité bleue
tatouée de blanc
par un  de ces grands oiseaux
d’acier

           qui vous emportent
vers un ailleurs de sable blanc,
d’eaux transparentes
sur fond d’algues et de coraux

où je crois voir se profiler

l’ombre d’un jeune homme

                  qui me ressemble



Poème de Jped
Lien direct du poème

Tu es…

Tu es les vagues de la mer qui s’écrasent en rouleaux le long des plages, qui saisissent les corps et les âmes, les font danser dans la houle et les rejettent épuisés sur le sable chaud, lassés de ces étreintes folles. 
Tu es les chants des sirènes qui fascinent les hommes au cœur des nuits d’été, qui promettent une ronde endiablée au cœur des abysses. 
Tu es le sel porté par le vent d’autan qui donne goût à chaque émotion, 
Tu es le feu qui ravive les braises et les passions.
Tu es la Vie.


Poème de Gilles Tardy
Lien direct du poème