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Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

La caresse de l’eau

Dos crawlé

                            face vers le ciel,

ses deux bras, l’un puis l’autre,

labourent la surface de l’eau

comme les aubes des bateaux

qui remontaient le Mississipi

                    ou comme les norias

dans les terres assoiffées du sud

chaque brasse soulevant une traînée

de perles nacrées, queue de comète

un instant suspendue dans l’air,

                          puis s’évanouissant

un étau froid enserrant sa poitrine,

l’instant d’avant chauffée à blanc

par le sable brûlant au soleil,

nappe liquide frémissante

             sur son torse, parcourue

par de courtes vaguelettes

comme sur la plage à marée basse

le visage à demi-immergé,

divisé au couteau par la ligne-frontière

entre l’air et l’eau, nuque glacée,

                                         face éblouie

tout le corps enveloppé

    comme par la longue caresse

                     d’une main de femme,

                                                  la nuit,

dans ces noces de l’homme

                                      et de l’océan

Poème de Jped
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Vagues vous êtes folles

Vagues, vous êtes folles !
À vous briser ainsi contre les rochers bruns,
À écumer de rage au milieu des embruns,
Aux pieds de Porquerolles.

Mais l’île est endormie.
Ni vos plaintes, inlassables gémissements,
Ni le vent fort d’avril aux tourbillons déments,
Ne réveillent ma mie.

Car la chanson d’hiver
Dans son soleil d’azur berce son sommeil blanc.
Elle a fermé les yeux, son sourire est troublant,
Jusqu’à la primevère.


Poème de Emrys
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Hybris

Il était un miracle, une perle d’azur,
Errant en solitaire au cœur de l’univers.
Il était la lumière imprégnant la nature,
Imbibant le trésor de sa douce atmosphère.
 
Il était un miracle éclos sur cette Terre,
Cette vie à foison naissant et prospérant,
Répandant sa beauté le long des millénaires,
Explosions de couleurs, éventail fulgurant.
 
Il était un bonheur, tel un élan à vivre,
Le soleil irradiant un ciel plein de promesses,
La frénésie des sens, des rêves à poursuivre,
Autant de créations à inventer sans cesse…
 
Puis il est arrivé, fragile créature,
Investissant le monde et dominant ses frères.
Lui, pourtant si chétif, à la faible ossature,
En conquit peu à peu l’écorce tout entière.
 
Cet être tourmenté se révèle ambitieux,
Il œuvre à corps perdu à sa prospérité,
Se fait un paradis immodeste et luxueux
Au détriment de ceux qui ne peuvent lutter,
 
Se divise et se bat, sème la peur, la guerre,
Jouant avec le feu de ce fou Prométhée.
Il réduit des portions complètes de sa Terre
A l’empoisonnement, à la stérilité.
 
Maudit soit donc celui qui lui fit ce présent,
Cause de ses malheurs, cause de sa folie,
Cause des destructions qui font couler le sang
Et étouffent le flux souverain de la vie.
 
Saura-t-il retrouver de la lucidité,
Se souvenir à temps de son humilité,
De la sobriété reprendre le chemin,
Et renouer enfin avec un bonheur sain ?


Poème de Esterina
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