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Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

Vertige, que suis-je ?

Déposée par hasard sur ce vaisseau prodige,
Qui tournoie, aspiré dans sa valse infinie,
Une vie égarée est prise de vertige,
Un rien, un ignorant qui tremble et qu’on oublie.
 
Humilié au milieu d’insondables espaces
Il questionne le ciel et ses lueurs lointaines :
Un fragment de pensée qu’un brin de temps efface,
Microbe de poussière à la flamme incertaine.
 
Quel sens pour tout ce bruit, ces rêves fracassés ?
Ces perles de beauté, insolubles cristaux
Qui parsèment d’éclats ce monde terrassé ?
Comment réassembler ces multiples morceaux ?
 
Réparer patiemment ce désastre absolu,
Recréer le chemin d’un eden corrompu
Et guérir l’amnésie de son esprit reclus ?

Poème de Esterina
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Les Bocages disparus

A l’abri des bocages disparus,
dans les odeurs incongrues de charmille et de fleurs,
de foin, de pain d’épices,
nous marchons à l’échappée,
en contretemps,
entre avenir et mémoire.

Chaque pousse plantée au pied de chaque stèle
s’enivre de lumière, s’enorgueillit déjà
d’une suave beauté dans le petit matin
malgré l’air froid et sec.

Elles ignorent tout de nous, comme les oiseaux là-bas
indifférents qui s’égosillent,
saluent un nouveau jour,
savourent la terre meuble, l’humidité du bois.

Carnac amer, ombre de juin.
Dans le silence nous quitterons
ces lieux qui nous observent,
peut-être
et figent notre souffle.

Eux ne s’en iront pas.

Nous garderons entre nos doigts glacés cette absence visqueuse
d’avoir un jour souri, d’avoir aimé la vie,
et sur nos lèvres le goût des roses.


Poème de Anwen
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Sous un ciel d’encre

les trois flambeaux des frênes

incendiés par les rayons rasants

du soleil au crépuscule,

dans un horizon encore clair

mais prêt à se refermer

sur une nuit inquiète

où éclateront bientôt

les fureurs de l’orage

attendu et redouté


qui sera, comme dans les fêtes

de mon enfance,

un fulgurant feu d’artifice

après l’innocent prélude

de la retraite aux flambeaux,

lampes vénitiennes

                   et lampions brandis

à travers les rues de la ville

                                 endormie,

dans une sarabande effrénée,


jusqu’à l’embrasement final


Poème de Jped
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Mais que veut dire aimer ?

Est-ce cette douleur insidieuse et têtue
Qui écorche sans bruit mille cœurs mis à nu 
Par un départ soudain vers des rives insues ?
 
Est-ce ce temps volé aux heures de loisirs
Pour aider cet ami qui tremble et qui soupire ?
 
Cet élan vivifiant que le printemps dessine
Jusqu’au souffle dernier soulevant nos poitrines ?
 
Est-ce cette émotion face à la beauté pure
Submergeant nos regards charmés par la nature,
Cette douce empathie, troublante communion,
Nous rendant si sensibles à ces palpitations ?
 
Le besoin viscéral d’échanger, de transmettre
Etreignant urgemment et torturant chaque être ?
 
La passion dévorant une âme toute entière
Qui s’exalte sans frein et s’oublie en prières ?
 
La subtile harmonie, de sons ou de lumières,
Faisant perler la larme au bord de nos paupières ?
 
Ce désir enivrant de gravir des sommets,
La frénésie de vie qui ne s’éteint jamais,
Tant qu’un flux mystérieux nous traverse, invisible,
Faisant s’épanouir l’éventail des possibles ?


Poème de Esterina
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La fin de la nuit 

brûlante

             mon épaule

prisonnière de ses mains

                                      brûlantes


sous un pied qui s’étire,

le drap crisse dans un bruit rêche


comme en été quand, sur la plage,

dans l’étreinte du sable

                                  et de la mer,

on perçoit, à demi assoupi,

allongé l’oreille collée au sol,

ce même bruit ténu,

craquements imperceptibles

des grains entraînés par la vague

et roulant sur eux-mêmes

en un mouvement infini

au gré de la houle, du vent

                             et des marées


et que sur notre épaule,

au soleil de l’été,

nous sentons la même brûlure

que quand, à l’aube, ses mains

s’attardent sur nous

                         et nous étreignent


ressuscitant en nous, pour un jour,


le désir de vivre


               dans une vraie fête


                        du coeur et des sens


Poème de Jped
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