Les terres rouges de Camarés

terres rouges*, terres brûlées,
où les prés aujourd’hui
sont couleur de cendre,
où les champs d’or
des tournesols
de la fin du printemps
ne sont plus que des carrés
noirs, sous la canicule,

et l’arbre, dernier survivant
de la forêt, étend son ombre
charbonneuse sur ce désert

terres rouges, terres brûlées
par la rigueur des éléments,
les calamités naturelles,
mais aussi par la main
de l’homme,
défricheur, destructeur
des forêts primitives
pour sa propre survie,
par les guerres et les violences
aussi, soldats anglais, routards,
pillards,fanatiques de tous bords

et les eaux du Dourdour,
témoin de cette terre primitive
et de tous ces crimes,
ensanglantées, couraient
vers les plaines heureuses
du pays de Cocagne**
où le bleu pastel, don du ciel,
apportait la richesse,
régnait en maître,
où les pampres de la vigne
s’enroulaient aux frênes,
où les truffes poussaient
                      sous les chênes,

     où il manquait quelque chose
pourtant,
cette couleur rouge du haut pays
qui est celle des flammes,
de la passion sauvage, du défi,
          du combat de la vie même

* Le Rougier de Camarés, au sud de l’Aveyron
** Région dont la capitale était Lavaur et qui s’enrichit au XVIème  siècle grâce à la culture du pastel qui était, à un certain stade, sous forme de boule, coque ou cocagne. D’où l’expression  » pays de Cocagne »




Poème de Jped
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