Silhouette

Ombre énigmatique et fugace,
Évanescente à douter d’être,
De son passage nulle trace,
Oubliée jusqu’à disparaître.
 
Interdit de sourire au monde,
D’en respirer les douces ondes.
 
Effacée, emmurée vivante,
Cernée, dans son tissu enclose,
Incarcérée, inexistante,
Son gardien veille et s’interpose
 
Entre elle et la vie qui s’élance.
Entravée, niée, opprimée
Par le carcan de l’ignorance,
Autant dès lors la supprimer.
 
Interdit de laisser entendre
Sa frêle voix pour se défendre.
 
Assassinée à petit feu,
Étouffée dans sa camisole,
Par un homme au regard sérieux
Qui sur elle a pris tout contrôle.
 
Interdit d’offrir son visage,
A qui pourrait lire un message.
 
Privée du vent qui déraisonne,
Des livres ouverts sur le monde,
De la fière joie qui claironne,
Et de la liberté féconde…
 
Interdit le chant de son âme,
Interdit de dire son drame.
 
Elle ne laisse aucune empreinte,
Discrète errante dans la nuit,
Nul ne relâche son étreinte
Sur cette femme anéantie.
 
Qui saura lui réinventer
L’itinéraire de lumière
Qui lui rendra sa dignité,
La conduira vers d’autres sphères ?
 
Interdite la poésie,
Qui distille ses hérésies.


Poème de Esterina
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