Un seul coup d’aile

– À mon père –

Un seul coup d’aile et un seul cri

Qui me font relever la tête ;

Un seul regard un peu surpris

En apercevant l’arrondi

D’une faucille fendant l’air

Silhouette dans le ciel gris

Habillée d’un plumage ébène

Qui met le printemps à la fête ;

Les beaux jours commencent à peine,

Les martinets sont de sortie

Et leur présence me ravit

Sur la branche

– À ma fille –

Il suffit d’un oiseau qui siffle sur la branche,

L’arrivée au printemps d’une abeille, un bourdon,

D’un rayon de soleil qui caresse le front,

D’un arbre qui fleurit de ses mille bourgeons

Il suffit d’un ciel bleu, d’un parfum qui s’exhale

D’une brise ténue, d’un nuage inspirant,

D’une herbe délicate qui se balance au vent,

Pour ressentir soudain la beauté de l’instant

Il neige des pétales

– Pour Anna –




Il neige des pétales

Sur la terre meurtrie,

Symphonie pastorale

Des vergers d’Arménie

Il danse des flocons

Sur les arbres transis

Et montent des chansons

De leurs blanches ramilles

Il tombe des flocons

Sur les maisons blotties

Et les ventres féconds

S’arrondissent de vie

Il pleure des flocons

Sur les arbres fleuris,

Mais le printemps demeure

Et se rit des fusils.