Poèmes d’enfance

C’est comme un petit cadeau,

La main tendue de l’enfance ;

Une fantaisie de mots

Qui traverse l’existence

Une bouteille à la mer

Venant s’échouer soudain

Sur la grève du présent,

Pour me porter les embruns

Des premiers balbutiements

D’une plume d’écolière

C’est comme un petit cadeau,

Tendre clin d’œil de l’enfance ;

Une rivière de mots

Qui nous parle d’espérance

Ces lettres fanées

Retrouver ces lettres fanées

Soigneusement empaquetées

Après bien des années passées

À sommeiller dans le grenier

Il suffisait de les brûler

Dans un bon feu de cheminée,

Par choix ou par nécessité,

Pour ne pas être submergée

Par les fantômes du passé

Mais c’était ignorer la mémoire enfouie,

Les infinis méandres des souvenirs enfuis ;

Alors par nostalgie ou par curiosité,

Au nom des amitiés autrefois partagées,

Par un saut dans le temps je me suis évadée

À travers la tendresse de chaque lien tissé

Un coup d’œil a suffi, négligemment jeté

Sur une lettre ou deux, connivence oubliée,

Pour entendre ces voix qui longtemps s’étaient tues,

Que je n’attendais pas, que je pensais perdues,

Et qu’en bribes de vie les souvenirs affluent

Inondant ma mémoire et mon cœur tout entier.

Aux rives de l’enfance

– À mon frère –


Nous voici revenus aux rives de l’enfance,

Dans l’impasse qui vit nos plus belles vacances ;

La maison de Mémé, chargée de souvenirs,

Le jardin de Pépé qui était son empire

La petite chaumière fondue dans la verdure,

L’atelier de Tonton entouré de nature ;

Le rocher de granit où l’on grimpait, enfants,

Le vieux lavoir moussu, vert de lentilles d’eau,

Le pré semé de saules où chantaient les crapauds

Nous voici revenus aux rives de l’enfance ;

Au temps des mimosas et du grand peuplier,

Du rose Magnolia, de l’arbre de Judée

Des noix sous le noyer dont le brou nous tachait,

Du figuier imposant qui pouvait nous cacher

Du pourpre noisetier aux noisettes croquantes

Au goût inimitable, tout en subtilité,

Du généreux poirier, aux guêpes bourdonnantes,

Dont les fruits parfumés régalaient l’assemblée,

Ou des fraises des bois çà et là grappillées

La bordure de chênes dressés sur le talus,

Les plantes et les fleurs si bien entretenues ;

Les Phlox et les Glaïeuls, flamboyants Dahlias,

Les roses Cyclamens, les rouges Camélias,

La haie de Fuchsias aux lampions colorés,

Les beaux Hortensias aux teintes mélangées

Le temps, et les personnes qui se sont succédées

En ont changé l’esprit, l’essentielle beauté.

Du jardin de l’enfance, aujourd’hui disparu,

Restent des souvenirs d’absences revêtus.

Tous les deux sur un banc

Tous les deux sur un banc

À écouter le vent,

À regarder les feuilles

Chatoyer doucement,

À goûter les rayons

Dont les chaudes caresses

S’attardent longuement

Sur nos corps qui paressent

Tous les deux sur un banc

À savourer l’instant,

À regarder l’été

Qui roussit l’horizon

Et s’éteint lentement

Dans les feux du couchant ;

À songer aux écueils

Que l’on a dépassés,

Le cœur au diapason

Et l’âme libérée.