Ce pays que l’on aime, source de l’existence,
Relié pour toujours aux souvenirs d’enfance,
Cher pays dont on rêve aux langueurs de l’absence,
Image nostalgique qui ne se dément pas ;
Réminiscence floue des lieux où la tendresse
Avait le regard doux et les traits d’une mère,
Et le rire joyeux d’un valeureux papa
Temps béni de l’enfance qui ne nous quitte pas,
S’estompant peu à peu au fil du temps qui passe,
Mais laissant en notre âme son invisible trace
Créant un décalage qui ne se comble pas,
Face à ce qui paraît un beau jour devant soi ;
Des quartiers et maisons qu’on ne reconnaît pas
Aux nouveaux habitants si différents parfois
Les lieux n’ont plus l’odeur ni le goût d’autrefois,
Les couleurs elles-mêmes n’ont plus le même éclat
Car la marche du monde se déplace à grands pas ;
Et l’on est déphasé par le prisme des ans,
Écarté d’une ville qui faisait notre joie,
Silencieux témoin de ces moments marquants
Qui nous ont façonné et ne reviendront pas
Lors de ce cher pays dont le mal nous rongeait,
Fondement d’une vie et d’une identité,
L’on se sent évincé, dépossédé, meurtri,
Privé de tout ce qui nous avait tant manqué ;
À nouveau orphelin, coupé de ses racines,
Les êtres tant aimés ayant déjà quitté
Ces lieux pétris d’histoire où jadis ils vivaient
L’on regarde autrement ce phare qui brillait
Et l’on voit à regret sa lueur s’éloigner
Le cœur endolori et le corps fatigué ;
Et si la destinée nous y ramène encore
On sait que l’émotion ne sera plus alors
Aussi vive et profonde que ce que l’on pensait.