Souvenirs

À Emma H.

Souvenirs qui fusent, souvenirs peinés,

Souvenirs refuge et témoins muets

D’une amitié chère qui se partageait

Dans le respect tendre, libre et spontané

De ce bel échange d’âmes accordées

Souvenirs qui passent, souvenirs qui restent,

Souvenirs qui laissent leur trace mouillée

Sur la joue buvant les larmes qui perlent

À la douleur vive d’un bonheur brisé

Souvenir ému mêlé de tendresse

D’un regard profond qui s’éternisait,

Et dans un soupir palpitant de mots

Où se dessinait l’ombre d’un regret,

Ces troublants propos ; ultime promesse

Évoquant l’autel après le tombeau

Au jardin des Tuileries

Au jardin des Tuileries

Arbres roux, blondes allées,

Éclats d’or dans les ramilles

Feuilles mortes sous nos pieds

Marronniers d’Inde roussis,

Folioles dentelées

Nervures vertes gagnées

D’ambre et de jade rouillé

Dans ces teintes automnales,

Le carrousel plein de charme

Procure un moment de joie

À quelques rares bambins

Valse des chevaux de bois

Tournant au son des refrains

Des chansons de mon enfance

Qui se perdent au lointain

Douceur de l’air, banc de pierre,

Métal vert, chaises offertes ;

Ton regard posé sur moi

Comme une première fois

Tes yeux qui ne trichent pas,

Attentifs et amoureux,

Regardant à travers l’être ;

Pris par l’élan impérieux

D’immortaliser la scène

Chaleur douce d’un émoi

Poursuivant sa tendre quête

Que le temps n’altère pas ;

L’écho, en toile de fond,

D’un monde en ébullition

Nos échanges profonds

Et nos âmes sincères ;

La trace de nos pas

Laissée dans la poussière

Au jardin des Tuileries

Arbres roux, blondes allées,

Éclats d’or dans les ramilles

Feuilles mortes sous nos pieds