Entre Víznar et Alfacar
que reste-t-il ?
Sinon un peu d’oxyde de craie en poudre…
Pas grand-chose.
_
Et pourtant j’écris encore
du presque rien
en une langue qui m’étrange.
_
Je contemple le minuscule et m’étonne
de lire les graffs des cristaux de sel
déposés au bastingage froid
de voir les hirondelles de mer
piqueter d’encre le parchemin sablé du ciel.
_
Un premier soleil d’automne ébauche
sur mes épaules
une douceur oubliée.
_
Dans quelques encablures, au-delà du goulet,
les vagues nous ramèneront à l’instable :
corps obliques arrimés au vent de vitesse
gorges que le sel embrase.
_
Et les grands rêves côtiers disparaîtront
derrière des cataractes de brume
des miroitement de jaspe
_
reparaîtront sans doute à l’iridescence
d’un geyser au loin—
ses exhalaisons indéfinissables de krill
d’ambre gris…
Ecrirai-je encore alors ?
_
Rien ne se lit sur les visages noircis
hormis l’intense concentration
aux margelles des pupilles étroites.
_
Coude à coude ; les mains se frôlent ;
s’assurent ;
Vous ai-je jamais dit que…
Dans l’intense du silence qui nous étreint
qui nous porte.
_
Dérive…
Jusqu’au jour où une larme—
sillon dans le cirage—
dira les insomnies blafardes
et toute la douleur d’un homme.
Poème de Anwen
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