Pleine lune au Trocadéro

– À Mikyung Jung, Xueqing et Lina Wang –

Trocadéro en septembre ;

Une famille absorbée

Par l’éclat de Séléné

S’en venant presque éclipser

La brillante tour Eiffel,

Paisiblement se promène

Dans cette nuit parisienne

Où les mentons sont levés

Trois êtres par l’art épris

Qui s’imprègnent de la scène,

Pour la garder dans leurs yeux

Et l’emporter avec eux

Quand ils seront éloignés

De milliers de kilomètres,

Afin de se retrouver

Rien qu’en regardant le ciel

Mais pour l’heure ils sont ensemble,

Célébrant la lune ronde

Sur l’indigo déployé ;

Savourant sans plus attendre

Leur tendre complicité,

Avant d’être séparés

Par des mois d’activité

Sur l’autre versant du monde

Alors s’écoule leur peine

Dans l’eau sombre de la Seine

Où colorée se reflète

La ville aux mille lumières ;

Et la lune au teint de perle,

Vigilante sentinelle,

Dans sa course solitaire

Sourit pour les consoler

L’enfant au rouleau

– À O. et J. –

Un enfant attentionné

Passe consciencieusement

Sur les feuilles dispersées

Tombées sous le marronnier

Avec son rouleau à peindre

Il s’applique à repasser

Les folioles panachées

Déjà recroquevillées

Et repeint avec bonheur,

D’imaginaires couleurs,

Ces étoiles végétales

Dont les teintes automnales

Tranchent au cœur de l’été

Sur le pont

– À ma mère –

Tu es là, debout sur le pont,

Sur tes proches toujours veillant ;

Famille, enfants, petits ou grands,

Sans ménager ta peine

Et sans compter ton temps

Tu es là, debout sur le pont,

Guettant l’horizon, vigilante,

Gardant le cap au fil des ans

Malgré les obstacles présents,

Les doutes et les défaillances

Tu es là, debout sur le pont,

Avec courage et bienveillance

Tenant la barre par tous les temps,

Pliant les voiles ou les hissant

Vers le cap de Bonne Espérance