Eloquence

– À ma fille –

Brillant tournoi, superbe lieu, instance au cadre prestigieux,     

Drapeaux fièrement alignés sur un parterre ensoleillé,

Après tant de mots en cascade, de recherches développées,                            

D’analyses réalisées dans un délai si limité ;       

Tant de questionnements posés, d’argumentaires réfutés                                    

Qui surprennent et interrogent, sans que l’on veuille le montrer,    
      

Entre le style et le phrasé, une poésie qui s’échappe 

De certains textes ciselés, enchantant l’oreille aux aguets,

Pour défendre avec élégance des opinions contradictoires

Que l’on a mission d’incarner au cours de joutes oratoires                         

D’une jeunesse passionnée, impressionnant son auditoire.

Bravo pour cet art maîtrisé, pour ces performances verbales,       

Ces mots vibrants, ces mots tranchés, si fluidement déclamés,

Ces sujets de fond exposés, d’une éloquence magistrale,

Devant un jury concentré et des candidats en escale

Voguant sur les flots bouillonnants d’un langage aussi inspiré.

Puis, quand l’exploit est terminé, après une lutte loyale,     

Même si l’on est écarté de la compétition finale,

Prendre enfin le temps de souffler, fier du parcours déjà mené,

Grandi d’avoir participé, en ayant tout de soi donné ;  

Laisser le calme retomber et le silence se poser, 

Se libérer du stress intense qu’il aura fallu dépasser ;                 

Pendant que la soirée s’avance, goûter ce repos mérité,      

Tandis que s’allume la lune au cœur d’une nuit étoilée.

Grand Palais, salon d’art

– À Hovhannès –

Dans cet océan gigantesque

Recelant tant d’œuvres humaines,

Qu’est-ce qui fait que l’on s’arrête

Devant une huile ou un pastel,

Une sculpture, une aquarelle,

Une photo dans un sous-verre ?

Qu’est-ce qui touche en profondeur

L’être au point de le captiver,

L’œil vif et interrogateur,

Pris dans ses songes intérieurs,

Intrigué, fasciné peut-être,

Par ce qu’un autre a pu créer ?

Qu’est-ce qui charme ou qui saisit,

Dans ce que l’on a regardé ?

Quel est le point qui a vibré

Sur le nuancier de l’esprit ;

Un talent rare dont l’étincelle

Réveille notre âme endormie ?

Une émotion qui nous appelle

Du plus profond de nos envies ?

Cela nous fait pousser des ailes,

Dès lors que nous sommes conquis,

Découvrant d’autres passerelles

Nous apportant par leur magie

Des univers qui nous emmènent

Vers une possible embellie

De l’art que sans cesse on malmène

Mais qui réenchante la vie.

Bouquet d’arums

– À Hovhannès –

Collets candides, spathes nacrées,

Turquoise doux, lilas léger,

Pointes de jaune et d’orangé,

Sable, rosé, jade, bleuté,

Trace d’argent juste effleuré,

Fines touches acidulées

Venant leur éclat sublimer.

Corolles claires, geste habité,

Fraîcheur des teintes employées,

Camaïeu de tons printaniers

Aux pigments finement mêlés,

Poésie des blancs colorés ;

Tendre bouquet de mariée.

Nouveau départ, gamme nouvelle,

Autre regard, quête éternelle

D’un art transcendant la matière ;

Quand l’âme insuffle sa lumière

Captée au cœur de l’univers

Pour en transmettre la beauté.



D’après l’œuvre d’Hovhannès Haroutiounian,

Bouquet d’arums, Huile sur bois, 29,5 x 29,5 cm, 2024

Entre l’oud et le doudouk

– À Hovhannès –

Entre l’oud et le doudouk

J’écoute la pluie tomber ;

Et mon âme, libérée

D’une insondable tristesse,

S’envole se ressourcer

Sur la montagne sacrée,

Près des sommets enneigés

À la liliale beauté

D’une Arménie pittoresque

Aux monts jumeaux vénérés


Huile sur toile d’Hovhannès Haroutiounian.

Mont Ararat

60 x 73 cm. 2012