Tapis craquants de feuilles mortes

– À mon frère –

Tapis craquants de feuilles mortes

Raidies par le froid de la nuit ;

Feuilletés aux teintes d’automne

Étincelants de pruine fine,

Éveillés par ce rai qui luit

Nervures rehaussées de givre,

Blanche dentelle qui scintille

D’une poussière diamantine

Sous les feux de l’astre de vie

Dont la lumière nous enivre

Par sa douce chaleur amie,

Esquissant dans l’air attendri

Son aquarelle hélianthine

Air soufflé

– À Marie July –

Air soufflé dans les feuilles mortes,

De grises flaques délogées ;

Brassées aériennes d’automne,

Bruyants essaims qui tourbillonnent

Dans un vrombissement de rhombe

De mille ruches échappés

Charme des rousses envolées

Qui se soulèvent et retombent

En végétales particules

Qui joyeusement papillonnent,

Puis s’assemblent en monticules,

Plus loin chaque fois repoussés

Lent cortège de feuilles mortes

Chahutées puis canalisées,

Que l’on rassemble et l’on escorte,

Guidées par d’étranges bergers

Menant ces troupeaux en errance

Pour d’automnales transhumances

Plaisirs d’automne

– À T. L.-C. –

Longue soirée, plaisirs d’automne ;

Crêpe farcie aux champignons,

Soupe épaisse de potiron ;

Chaleur irradiante de l’âtre

Un peu partout dansent les flammes

De ces multiples lumignons

Qui agrémentent de leur charme

Ces lieux paisibles de renom

Promenade sous les arcades,

Dans la nuit qui déjà se donne,

Le long d’élégantes façades

Où de rares passants frissonnent

Sous la fine bruine automnale

Où tant de projets tourbillonnent,

Le temps foisonnant d’une escale,

S’enfuient les heures monotones