Intime plaie

Elle saigne en silence
Des confins de l’enfance,
Sa douleur oscillante,
Si sourde, si cinglante,
Jamais ne se tarit
Jamais ne se flétrit.

Mendiant une caresse,
je n’ai bu que tristesse
Aigreur et désespoir,
De tes mots, tes regards.

Je n’ai vu que défiance
Mépris, désespérance
Quand je cherchais confiance,
Humour et bienveillance.

Étrange maladie,
Indomptable conflit,
Cette haine de soi
Qui émane de toi.

Mélancolie maudite,
Le malheur à sa suite,
Qui ne laisse autour d’elle
Que paroles cruelles,
Que colères muettes,
Et la honte secrète.

J’ai fui le sel piquant
De ce gouffre béant,
Cette noire présence
Brisant les réjouissances,
Étouffant toute envie,
Assassinant la vie.

J’ai fui le sel piquant
De tes pleurs obsédants
Pour cesser de souffrir
Et pour ne pas mourir
Aspirée par l’abîme
De ton vertige intime,
Pour m’arracher aux griffes
De ce mal apocryphe.

Mais au soir de ton temps,
Je me souviens pourtant
De tendres éclaircies
Dans ton ciel obscurci,
Comme un soleil levant.
Je m’incline devant
Ta tremblante faiblesse,
Ta terrible détresse,
Criante solitude,
Fatale incomplétude…

Le temps a dévoré
Ma peur, évaporée,
Ma rancune s’effrite,
Sans haine, je médite.

La colère a fondu
Et cette main tendue,
Du fond de ta prison
Vers un autre horizon,
Saurais-tu la saisir ?
Tu tangues et tu soupires,
Abreuvée de regrets
Intriqués à jamais,
Au tissu de tes jours,
Asséchant tout amour…


31.10.2021


Poème de Esterina
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