Quitter Paris

– À mes parents –

Ombres nocturnes, lueurs de l’aube,

Un entre-deux où l’on survit

Après des jours insupportables

De chaleur lourde irrespirable

Qui ne s’achève pas la nuit

La gare, au lever de l’aurore,

Dans un camaïeu de nuages

Où flotte le drapeau français,

Et les balayeurs qui s’activent

Au pied de la Tour Montparnasse

Avant l’afflux des vacanciers


Quitter la touffeur de la ville,

Abandonner la capitale,

Laisser de côté son travail,

Les contraintes et les soucis,

Le temps de retrouver son âme

Entre le granit et l’ardoise

Les hortensias et les fougères,

Pour respirer la mer d’Iroise

Les ajoncs d’or et la bruyère

Guéridon bleu et balconnet

– À ma fille –

Guéridon bleu, balconnet ;

Un parfum de basilic

Flotte dans l’air traversé

Par une légère brise

Qui passe d’un air badin,

Éventant la canopée

Des aiguilles en bouquets

À la cime des grands pins

Depuis l’aube les cigales

Font entendre leurs cymbales

Qui vibrent avec entrain

Dans la douceur du matin

Qu’il est bon de se poser

Dans ce petit coin coquet,

S’adonnant à l’écriture

Dans un écrin de nature

Où l’esprit demeure en paix

Retenir son rêve

Tenter de retenir son rêve

Et vite aller se recoucher,

Se reglisser dessous la couette,

Paupières promptement fermées

Pour ne rien laisser s’échapper

Garder la même position

Pour retrouver les sensations,

L’atmosphère à peine effleurée,

D’une existence parallèle

Qui semble s’être évaporée

Se replonger avec conscience

Au cœur d’un songe inachevé

Que l’on poursuit sans réticence,

Par son dénouement intrigué,

Afin d’en découvrir les clefs

Ba Bao Cha* du Dragon

– À T. L.-C. –

L’effluve qui s’exhale, embaumant l’atmosphère,

Prolongeant le délice des boissons éphémères,

A des parfums de pomme, de rose, de jasmin,

Des arômes gourmands de mangue et de letchi

Réconfortant le corps aussi bien que l’esprit

La tasse aux éventails avec sa ronde assise

Se love, délicate, dans le creux de la main,

Diffusant sa chaleur au toucher de la peau

Tel un cœur apaisant partageant son tempo,

Les doigts enveloppant la porcelaine fine

Thé bleu, raisin, thé vert, c’est tout un univers

Qui infuse nos sens par ce plaisant breuvage

Et le Dragon se perd dans l’encre de la tasse

Pour se réinventer au gré de nos papilles

Nous insufflant sa force et sa belle énergie

Diffusées peu à peu dans le sang de nos veines

Par la lente magie d’un philtre de ginseng

Aux écorces d’orange et aux baies de goji


* Thé aux huit trésors.