Dérisoires frontières

Des lignes se propagent
Sur notre mappemonde,
Des seuils, des quadrillages,
Portes vers d’autres mondes.
 
Barrières indifférentes
Qui cloisonnent ou protègent,
Sillons qui s’agrémentent
De hauts sommets de neige,
 
De fleuves indomptables
Enjambant vaillamment
Des limites inviolables,
D’océans véhéments,
 
De mers intérieures
Et multinationales,
De frondeurs lacs majeurs,
Fières eaux magistrales
 
Qui jamais ne s’en tiennent
Aux défenses humaines,
Aux bornes inflexibles,
Aux menaces terribles.
 
Au-delà des grillages,
Ou des fers barbelés
Par delà les usages,
Les peurs amoncelées,
 
Des milliers de langages
Se mêlent ou se côtoient
Et tant de paysages
Librement se déploient…
 
Oh ! Ces cœurs qui espèrent
Chantent un même refrain,
A travers leurs prières,
Cherchent un même chemin !
 
Puissent-ils se déprendre
De fureurs délétères,
A défaut de comprendre,
Accepter qu’ils diffèrent,
 
Se voyant oppresseurs,
Refuser d’asservir,
Au nom de dictateurs
Épris de leur empire…
 
Que les humbles se lèvent
Et prennent le pouvoir
Disent ce qu’est leur sève,
Brandissent leurs espoirs !
 
Qu’ils clament obstinément
Leurs aspirations claires,
Écartent fermement
Le spectre de la guerre.
 
Frontières éphémères
Jalonnant notre histoire,
Frontières nécessaires,
Frontières dérisoires…
 
Et pendant que sur Terre
Bataillent les humains,
Le fléau, lui, prospère
Laissant sans lendemain
 
Le fragile miracle
De notre réceptacle,
Au cœur de l’univers
Se prépare un enfer.


Poème de Esterina
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