Correspondance

Ce matin, j’ai trouvé, sur le pas de ma porte,

Une lettre, une fleur. Tu les as déposées

A l’heure où les lutins distillent la rosée

Et peignent les secrets que le soleil emporte.

Je caresse ma joue du velours de la fleur

Et brise lentement le cachet de ta lettre,

Marqué du sceau ancien des sages géomètres,

Accroché à ta vie par les mains de tes sœurs.

J’en extrais trois feuillets, joliment parsemés

Des douceurs que pour moi tu puises à l’encrier,

Et promenant mes doigts sur le grain du papier,

J’imagine un parfum que je ne puis humer.

Je rêve ton regard par dessus mon épaule,

Impatient de savoir si tes mots enchanteurs

Sauront guérir ma peine et verser dans mon coeur

Leur encre diluée aux larmes du vieux saule.


Penché sur son bureau, le vieux saule a compris,

Que pour l’éternité ses racines noueuses

Puiseront chaque jour à ta prose enjôleuse

La sève qui nourrit son âme et son esprit.

Et qu’il te renverra, inlassable rimeur,

Chaque soir des quatrains, forgés au crépuscule,

A l’heure belle et grise où la chouette hulule.

Ils traceront pour toi la carte du bonheur.


Poème de Mr Strangeweather
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