La boîte de Pandore

Hors de son coffret, subrepticement
Le mal s’est glissé, à l’insu des gens.
La boîte était close, hermétiquement,
Du moins le crut-on, si ingénument…
 
Quelques bribes échappées
Sur les sombres hémisphères
De peuples obnubilés
Par leurs urgentes affaires…
 
Nul ne guette, ne s’inquiète,
Tourné vers son lendemain,
De ces infimes alertes,
Chacun se lave les mains.
 
Cette substance insidieuse
Tel un funeste breuvage
Répand ses mœurs pernicieuses
Corrompt, vicie, se propage.
 
Les esprits sont retournés,
Aveuglés par ce poison,
Les cœurs sont anesthésiés,
Fermés à la compassion.
 
Plus de place à la raison,
Emmuré de certitudes,
On chérit la trahison
Pour conserver sa quiétude !
 
 » Vous, Humains inconséquents
Qu’avez-vous laissé paraître ?
A quoi songiez-vous donc quand
Le serpent semblait renaître ?
 
– Ce monstre aux mille visages
Sous ses travestissements,
Comment donc être assez sage
Pour décrypter son roman ?
 
– De toutes vos lâchetés,
Vous éteignez sans scrupule
L’éclair de lucidité,
Courant vers le crépuscule.
 
– Mais qui donc a délivré
La source de cette haine ?
Qui a laissé s’échapper
Autant de misère humaine ?
 
– Vos yeux fermés, je le crois,
Votre égoïsme immobile.
Tel l’Œdipe d’autrefois,
Vos destinées se profilent.
 
Vos idéaux dévoyés,
Reviennent en boomerang,
Vos beaux rêves dévastés,
S’écroulent fatalement,
 
Dévorés par la gangrène.
Le mal accroît son emprise,
S’insinue dans chaque veine,
L’horreur se généralise
En hécatombes prochaines. »
 
Restera-t-il seulement
L’Espérance qui anime
Depuis le fin fond des temps
Le cœur des hommes victimes ?


Poème de Esterina
Lien direct du poème

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *