Comme s’il restait un peu d’encre
Dans le grand sablier du Temps
L’Abitibi
C’est des mouches à chevreuil
Tout l’été
Et des roches et des roches
Le reste du temps
C’est un chemin forestier
Bordé d’épinettes noires
Qui débouche sur un jardin
Où les pierres poussent dans les arbres
Et où l’eau coule là où les pierres roulent
L’Abitibi, c’est infini
Et l’hiver, c’est un géant blanc
Au panache merveilleux
Qui avale des lacs et des lacs mirifiques
Où autrefois, sont venus pleurer les anges
C’est émouvant comme ça
L’Abitibi de mon père
Et quand le ciel empoisonné de silence
Lâche son cri d’orignal écornifleur
Les lacs bleus deviennent des roches noires
Et les roches noires des lacs bleus
Alors l’Abitibi, oui, c’est étourdissant
Comme une baleine imaginaire
Qui s’en va chercher son pain ordinaire
Dans une mine d’or creusée dans la nuit d’un fruit
L’Abitibi, c’est un morceau du ciel de Michel-Ange
Donné en espoir à tous les hommes
Et c’est tendre comme une femme
L’Abitibi, c’est une terre à genoux
Et la soif à jamais rassasiée
Poème de Julien Hoquet
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