un nom sur une carte …
car tu auras beau te dresser, éperdu,
à l’étrave du navire et scruter l’horizon,
tu ne pourras jamais crier : Terre !!
hauts fonds sableux, au ras de l’eau,
que seule trahit une frange d’écume
une nudité des matins du monde,
sans le moindre palmier ou palétuvier,
sans la plus petite touffe d’herbe
un désert, mais grouillant d’oiseaux,
mouettes, goélands, sternes royales,
frégates, grand paille-en-queue,
pétrels, fous de bassan, tant d’autres,
la isla de Aves,
l’île aux oiseaux, l’île des oiseaux,
qu’ils soient nés d’elle,
qu’elle soit née d’eux,
mais qui est là pour eux,
comme en dehors du monde,
par pur hasard ou de toute éternité
.
.
.
fuyant le roulis à bord et le mal de mer,
la nuit, je me réfugiais à terre
dans l’odeur douceâtre du guano,
parmi le peuple endormi
et je me réveillais au milieu des cris
et des froissements d’ailes, au matin,
avant de plonger dans les flots calmes
où, dans le plus parfait silence,
les poissons perroquets et les mérous,
curieux, pensifs, montaient sans peur
vers l’étrange créature inconnue,
balancée lentement par la houle,
et dérivant, comme encore aujourd’hui
dans les eaux bleues de la mémoire
Poème de Jped
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