…et je garde de toi les Abers bleu-de-gris
sous les lumières d’octobre la métaphore des vents
le silence des nuits claires l’horizon menaçant
aux frontières qu’il veut libres…
il reste dans mes textes un peu de poussière ocre
au creux d’un vieux miroir le désordre baroque
les aspérités rauques d’un chant de cap-hornier
quand la voix se fait ivre
et gercés sur mes lèvres les glavioù du printemps
le goût froid des absences des kerreg et des vagues
que ma langue apprivoise inévitablement
au cœur des heures de givre
sur le dos de mes mains gravés les estuaires
qui se joignent à tes mers où mon sang coule encore
le craquement de mes os c’était celui des barques
perdues à la dérive
sous mes pieds danse encore le ballet des brisants
chorégraphie de sel orchestre du ressac
étincelant le ciel houleusement s’endort
et ploie de rêve en rive
et j’emporte avec moi les îles vigilantes
de rafales en toennoù-mor de lande en reverzhi
où la vie est voyage l’amour est Penn-ar-bed
les souvenirs aod vev…
Poème de Anwen