Sourire de lune
Flocons de nuées
Fantaisie nocturne
Rêves étoilés
Sourire de lune
Flocons de nuées
Fantaisie nocturne
Rêves étoilés
Le soleil s’est levé au-dessus de la ville
Grosse boule enflammée sur les toits blancs de givre
La jardinière d’eau réservée aux oiseaux
S’est changée dans la nuit en un bloc de granit
Le beurre éparpillé en tout petits morceaux
N’est pas resté longtemps sur les herbes gelées,
Les trois pies à l’affût ne s’y sont pas trompées,
Les picorant du bec avec avidité
Puis sont venues, discrètes, les belles à collier
Fidèles tourterelles, robe beige rosé,
Délicatesse même et douceur incarnée,
Craintives à l’excès mais assez affamées
Pour venir explorer les recoins oubliés,
Osant pour l’occasion tenir tête aux pigeons
Pour sauver quelques graines de tournesol doré
De leur gloutonnerie à peine rassasiée.
Chamailleries de mouettes
Au-dessus de nos têtes ;
Dans la pâleur du ciel,
Leurs vives silhouettes
En bruyant équipage
Pour un temps ont pris place
Sur la fine rambarde
De ce haut bastingage
À demi effacé
Par les nappes poudrées
D’un brouillard plus épais.
Le voleur d’œuf a frappé
Et je n’ai rien remarqué ;
Je ne me suis absentée
Pourtant qu’un très court instant
Mais les deux jolis œufs blancs
De la pigeonne hébergée
Se sont volatilisés
Comme par enchantement
Qui les a subtilisés ?
Est-ce une pie affamée,
Où la corneille qui erre
Sur le toit de graviers,
Recherchant un aliment
À se mettre sous la dent
Pour le petit déjeuner ?
Rien ne peut les accuser.
Le voleur incriminé
Ne sera pas inquiété ;
Il a repris sans tarder
Le cours de sa destinée.
Tourbillonnez, les martinets,
Tourbillonnez au vent léger,
Zébrez le ciel pur de vos ailes
Vibrez dans l’azur aquarelle
Tourbillonnez, les martinets,
Enchantez nos yeux étonnés
De vos troublantes arabesques ;
Vivez votre vie romanesque
Sans jamais venir vous poser
Tourbillonnez, les martinets ;
Sifflez l’arrivée de l’été
De l’aurore à la nuit tombée,
Et surtout n’oubliez jamais
De revenir me saluer.