Merles gourmands

– À O. –

La Merlette s’est perchée, diligente et concentrée,

Puis d’un coup d’aile a volé jusqu’au buisson d’à côté ;

Avec adresse a becqué une baie rouge-orangé

Puis prestement l’a gobée, avant de recommencer

Le Merle s’est approché, battant vivement des ailes,

Juste avant de s’élancer sur le Cotonéaster ;

Une baie rouge charnue à l’extrémité du bec,

Pour aussitôt l’avaler : Acrobatique cueillette !

Feu d’artifice d’oiseaux

– À ma fille –

Feu d’artifice d’oiseaux dans un ciel uni et blanc ;

Nuées d’ailes dans les nues se mouvant avec aisance

Dans un grand ballet créant des ensembles étonnants

Qui se font et se défont, se retrouvent, se mélangent

Disparaissent et reviennent, se frôlant avec adresse,

Chassés-croisés qui se mêlent, se séparent, s’éparpillent,

Se joignent sans se toucher, précises chorégraphies

Où chaque être interagit dans la partition céleste

Hampe fleurie d’une Orchidée

– À ma mère –

Hampe fleurie d’une Orchidée

D’une virginale clarté,

Nous ayant offert tout l’été

Sa grappe de fleurs nivéennes

Fleurissant avec majesté

Puis, quand on les pense immortelles,

L’une après l’autre se dessèchent

Et dans un bruissement léger,

Détachées de la tige-mère,

Tombent dans leur robe froissée

Au pied des longues feuilles vertes

Quand leur voltige est terminée,

Quand ces douze danseuses frêles

Dans leur tutu de teinte crème

En papier de soie créponné,

Sur le sol se sont déposées

Elles gardent un doux mystère,

Continuant à nous charmer

Dans une œuvre d’art éphémère

Se déclinant à l’infini

Que l’on recompose à l’envi



Une collègue m’a dit :

« _ Tu fais quoi avec ton cimetière de fleurs ?

_ Ce n’est pas un cimetière !

_ Mais si, elles sont mortes !

_ C’est une Symphonie d’Automne…

_ Ah… »