Quand ceux que pourtant vous aimez

Quand ceux que pourtant vous aimez

Jettent leur pavé dans la mare,

L’intensité de cette vague

Vient largement éclabousser

Ce qui se trouve à sa portée

Quand ceux que vous avez bercés

Décochent leur flèche acérée

Sur leur cible, bien qu’éloignée,

Ce trait lancé avec adresse

Peut blesser un cœur à jamais

Ceux qui sont sensés vous aimer,

Ceux qui vous côtoient, vous connaissent,

Et faisant fi de vos faiblesses,

Votre vulnérabilité,

Laissant votre être désarmé

Viennent d’un mot, ou d’une lettre

Délibérément rédigée,

Tuer la spontanéité,

Le dévouement et la tendresse

Qui jusqu’alors vous animaient

Faut-il répondre ou ignorer ?

Faut-il garder au fond de l’âme

Cette remarque empoisonnée ?

Faut-il risquer d’à jamais perdre

Cette affection qui nous liait ?

Comment tolérer qu’on nous blesse,

Que l’on nie notre intégrité,

Sans à notre tour offenser

Ceux-là dont l’existence même

Nous est intimement liée ?

Cependant, et plus que jamais,

C’est à nous de calmer les choses,

Et sous une brassée de roses

Venir éteindre le brasier

Qui aurait pu nous consumer

Ça suffit !

– À Philippine, –

– Aux trop nombreuses victimes de la barbarie humaine… –

Pourquoi ces vies brisées sans raisons raisonnables,

Humaines c’est un fait, mais si peu concevables ;

Il est si effroyable d’ainsi perdre un enfant,

Les circonstances mêmes font empirer les drames.

Il n’y a pas d’excuses pour ces agissements,

Pourquoi tergiverser pour stopper ce fléau ?

Par quelles consciences pourrait naître un sursaut ?

Il n’est plus acceptable d’ignorer les récits

Nous plongeant dans la nuit de tant de tragédies,

Et la colère monte face à cette incurie

Trouver les mots

– À A. –

Il faudrait trouver les mots, s’accueillir avec respect
Apprendre à se découvrir, apprendre à se retrouver ;
Ne pas nier l’évidence, par les autres relevée,
Accepter ces différences qui font notre unicité

Des critères, des indices, des bilans, un diagnostic ;
Une étiquette collée au front de tous les possibles
Nous rendant plus vulnérable face à la majorité
Qui nous range dans des cases où l’on pourrait bien rester

Il faudrait s’apprivoiser, se comprendre et s’accepter
Sans ressasser son passé, ni le présent redouter ;
Sans jugement, sans médire, sans penser que par ces maux
Quelqu’un puisse un jour nous dire que c’est tout ce que l’on vaut

Avec toutes ses fêlures s’engager sur ce sentier,
Enrichi par ses blessures, par sa sensibilité,
Et tant pis pour les regards qui pourraient alors changer
Chacun de nous doit porter le poids de sa vérité

Les Survivantes

[Après le film Les Survivantes, réalisé par Pierre Barnérias en mai 2024]

– À ma sœur –

Les Survivantes nous engagent

Par l’exemple de leur courage,

Luttant contre l’indifférence

En se refusant au silence

Après des années de souffrance,

À ne jamais baisser la garde

Les Survivantes nous confirment

L’importance de ce fléau ;

Ayant vécu dans ces réseaux

Qui sacrifient des innocents,

En déployant mondialement

L’ombre sournoise de Satan

Les Survivantes nous invitent,

En partageant leur témoignage,

À surmonter notre aversion

Pour ces degrés de perversion

Qui dépassent l’entendement,

Pour que des mesures soient prises

Les Survivantes nous enseignent,

Quand la mémoire se réveille,

Quel que soit le temps que ça prend,

Que l’on peut sortir de l’enfer

Et que l’amour est plus puissant

Que tous les démons de la Terre

Qu’il nous faut combattre pourtant


Remerciements à tous les lanceurs d’alerte, et particulièrement à Karl Zéro pour le temps, l’énergie, et la détermination mis au service de la cause des enfants victimes de ces réseaux pédocriminels.

Un tel acharnement

– Le grand cimetière de Djoulfa (en arménien : Ջուղայի գերեզման ) était l’un des plus prestigieux sites du Nakhitchevan, territoire arménien occupé par l’Azerbaïdjan. Il était constitué de 10 000 stèles funéraires, khatchkars (pierres à croix) typiques de l’art arménien, finement taillées et sculptées, dont certaines dataient du VIe siècle.

Il fut complètement rasé, aux yeux de tous et sur une période de 7 ans, pour servir de champ de tir aux militaires azéris.–

Un tel acharnement à nier l’évidence,

Refusant l’existence des premiers habitants,

Relève assurément d’un abus de puissance

Et d’un négationnisme cynique et galopant

Un tel acharnement à nier la présence

D’un peuple ayant laissé d’abondants témoignages

De sa riche culture à l’inspirant sillage

Est indigne de ceux la contestant pourtant

Effacer toute trace des anciens occupants

Détruisant une à une chaque preuve éclatante

Pour mieux s’approprier les lieux illégitimes

Que l’on veut posséder jusqu’à leur origine

Effacer toute trace, quitte à exterminer

Bien des témoins gênants de ce crime avéré

Afin de s’ériger en chef omnipotent

De foules perfusées aux discours mensongers

Effacer toute trace de cette identité,

Qui partout refleurit et vous regarde en face ;

Se forgeant une armure d’insensibilité,

Se pensant protégé sous cette carapace

Effacer toute trace, en toute impunité,

À la barbe et au nez des nations aveuglées

Soucieuses avant tout de pouvoir ménager

Leurs intérêts présents et futurs alliés



« Une liste incomplète des monuments arméniens du Nakhitchévan, établie par Argam Ayvazian, un érudit arménien, fait état de 310 monuments dédiés au culte (monastères, églises, chapelles), dont 221 ont été détruits entre le XIXe siècle et la seconde guerre mondiale ; 41 châteaux et forteresses ; 26 ponts ; 86 pôles d’habitat rural et urbain ; 89 cimetières comptant environ 23 000 pierres tombales ; 5480 stèles à croix, ainsi que 115 divers autres monuments arméniens. Ce patrimoine couvre une période allant du Ve au XXe siècle.

Lorsqu’Argam Ayvazian entreprend ses voyages d’exploration, il ne reste plus que 89 monuments chrétiens, encore debout ou en ruines, tous désaffectés. Il a pu en photographier 78. Ces monuments ont continué de faire l’objet de dégradations jusqu’à leur destruction complète et planifiée, pratiquée à l’explosif, au bulldozer ou à la masse par l’Azerbaïdjan entre 1998 et 2006.

Il ne reste aujourd’hui plus aucune trace de la présence arménienne au Nakhitchévan. »

Bibliothèque numérique de Lyon