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Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

Aube grise

des lambeaux d’aube grise à la fenêtre

des cigales et des grillons plein ma tête

et pourtant, au dehors, le pur silence

[depuis longtemps, les cigales se sont tues

et il n’y a plus de grillons dans les champs,

seul un bourdonnement dans mes oreilles, 

simples acouphènes, ou alors qui sait,

mal-être ou écho de souvenirs anciens ?]


puis un aboiement



les branches sèches du vieux frêne,

immobiles, exsangues sur fond de ciel,

les derniers borborygmes de la nuit

le train ne sifflera plus trois fois

dans la gare désertée

[ dont le toit effondré se révèle peu à peu au loin

comme l’image, en négatif, dans un tirage argentique ]

aux voies à peine visibles sous les herbes

et dont les rails ont été arrachés,

laissant la place à un semblant de route

qui -sauf pour les poètes- ne mène nulle part



Poème de Jped
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Une mémoire d’étoiles

l’étoile que tu as aperçue, ce soir, en passant devant le carré de la fenêtre,

que tu as emportée dans ton sommeil comme un voleur,


tu l’as gardée jusqu’au matin, parmi les constellations

qui se sont gravées dans ton imaginaire, ici ou là, au cours du temps


depuis l’étoile polaire de ton enfance  qui, seule pour toi, avait un nom
dans la sphère céleste, escortée de la Petite et de la Grande Ourse,
le Petit et le Grand Chariot chargés de tes espoirs et de tes rêves 

l’ adolescent a détourné son regard des astres pour courir des chemins
à peine tracés, vite délaissés, pour se baigner dans les gaves sauvages


et les lumières de la ville, au temps de l’université, cachaient même le ciel,
fascinantes et décevantes, et annulant  tout ce qui n’ était pas elles


à la Pointe Baham, en Martinique, vous passiez les nuits dehors,
et l’un de vous, géographe, vous entraînait dans d’étonnantes courses
intersidérales qui toujours se poursuivaient, dans vos rêves,
bien au-dessous de la ligne d’horizon , dans les eaux chaudes
des Caraïbes où tu plongeais pour retrouver les étoiles de mer

au pied de la Cordillère des Andes, dans le Norte Chico et le désert,

tu as découvert les grands espaces et retrouvé les nuits peuplées

de tes lucioles, Orion  le chasseur céleste fuyant, blessé, le Scorpion

dont la morsure est fatale, et surtout les 3 étoiles de son baudrier

– « las tres Maria »-  révérées là-bas : elles demeurent seules visibles

quand, à la pleine lune, le corps astral du héros s’est, lui, évanoui

sur la terrasse d’un vieux  riad  à Marrakech, tu as suivi toute une nuit,
dans les arabesques  d’ un  ciel transparent, le récit passionné
d’un astronome , et vous croyiez voir avec lui des caravanes d’étoiles
se déplaçant lentement  le long de leurs routes immémoriales

dans l’île de Sao Tomé, sous l’équateur, aspiré par l’immensité

des cieux et de la mer, englouti dans une  contemplation

presque mystique, tu n’étais plus  qu’un  corps flottant dans l’espace,

parmi les milliards d’objets célestes, assistant, comme les Anciens,

à des siècles de distance, à l’hésitation et à la soudaine volte-face de Mars

qui rompt avec la lente dérive des astres , semble reculer dans le ciel

et plonge l’observateur, aujourd’hui encore, dans une profonde stupéfaction

tu t’enivrais à retrouver, nuit après nuit, l’intégralité de la voute céleste,
depuis ce point central , unique,  où tu étais, et qui permet d’embrasser
la courbe infinie qui court depuis l’Etoile du Sud jusqu’à la Polaire, au nord,
l’une et l’autre perdues dans les lourdes brumes des mers équatoriales,
mais encore plus présentes sous ce voile et dans cet obscurcissement


aujourd’ nuit encore, elles sont là, tes lucioles, au-delà de la fenêtre,

derrière le rideau d’arbres, les collines, et même les nuages et le vent,

au centre et à la surface de toi, dans l’épaisseur de ta mémoire éblouie


Poème de Jped
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Ta beauté

Ta beauté c’est le ciel où le soleil se noie

c’est le parfum qui rêve à l’apogée du temps

c’est le bonheur ravi par l’aigle de la joie

c’est la fièvre des blés que cravache l’autan

Ta beauté c’est le cri arraché à l’absence

c’est le miel de l’été ensemençant l’hiver

c’est la légende écrite avec l’or du silence

c’est le geyser du cœur aux sables du désert

Ta beauté c’est la foudre alors que minuit sonne

c’est la mer rouge offerte aux rayons du désir 

c’est la flèche de feu lancée par l’Amazone

c’est l’enfance qui fait éclore l’avenir

Ta beauté c’est l’étoile en marche vers l’aurore

c’est le vertige épris d’un immense baiser

c’est la terre promise à celui qui l’adore

c’est la statue en deuil qu’amour vient embraser

Ta beauté c’est la soif délicieuse de l’âme

c’est la guerre menée aux confins de l’espoir

c’est la neige dont rien n’a terni l’oriflamme 

c’est le maître poème où l’Eden peut se voir


Poème de M. de Saint-Michel
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Il en va de nous-mêmes

Arménie, ce qui t’arrive

est une tache à notre honneur,

c’est une déchirure au drapeau tricolore

celui de notre Liberté ,

c’est la preuve

de notre lâcheté

car en toi bat le cœur

de notre civilisation,

tu es notre miroir.

J’appelle

à un sursaut

d’où qu’il vienne,

il en va

de demain,

il en va

de nous-mêmes.


Poème de michelconrad
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