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Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

La boîte de Pandore

Hors de son coffret, subrepticement
Le mal s’est glissé, à l’insu des gens.
La boîte était close, hermétiquement,
Du moins le crut-on, si ingénument…
 
Quelques bribes échappées
Sur les sombres hémisphères
De peuples obnubilés
Par leurs urgentes affaires…
 
Nul ne guette, ne s’inquiète,
Tourné vers son lendemain,
De ces infimes alertes,
Chacun se lave les mains.
 
Cette substance insidieuse
Tel un funeste breuvage
Répand ses mœurs pernicieuses
Corrompt, vicie, se propage.
 
Les esprits sont retournés,
Aveuglés par ce poison,
Les cœurs sont anesthésiés,
Fermés à la compassion.
 
Plus de place à la raison,
Emmuré de certitudes,
On chérit la trahison
Pour conserver sa quiétude !
 
« Vous, Humains inconséquents
Qu’avez-vous laissé paraître ?
A quoi songiez-vous donc quand
Le serpent semblait renaître ?
 
– Ce monstre aux mille visages
Sous ses travestissements,
Comment donc être assez sage
Pour décrypter son roman ?
 
– De toutes vos lâchetés,
Vous éteignez sans scrupule
L’éclair de lucidité,
Courant vers le crépuscule.
 
– Mais qui donc a délivré
La source de cette haine ?
Qui a laissé s’échapper
Autant de misère humaine ?
 
– Vos yeux fermés, je le crois,
Votre égoïsme immobile.
Tel l’Œdipe d’autrefois,
Vos destinées se profilent.
 
Vos idéaux dévoyés,
Reviennent en boomerang,
Vos beaux rêves dévastés,
S’écroulent fatalement,
 
Dévorés par la gangrène.
Le mal accroît son emprise,
S’insinue dans chaque veine,
L’horreur se généralise
En hécatombes prochaines. »
 
Restera-t-il seulement
L’Espérance qui anime
Depuis le fin fond des temps
Le cœur des hommes victimes ?


Poème de Esterina
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Mémoire de feu

au loin,

entre les branches noires

du grand arbre,

gerbes de feu argent et or

sur fond bleu-noir

du ciel au crépuscule

et en écho assourdi

au tréfonds de la mémoire,

les lambeaux de feu

les vomissures sublimes

et vénéneuses

du volcan inconnu

des montagnes du Salvador

qui flamboie dans la nuit

sous nos yeux effarés

d’innocents étrangers

errant dans des forêts

séduisantes et fourbes

à deux pas du monstre

amérindien

dont le réveil violent

fait fuir les singes hurleurs

et les oiseaux criards

dans un feu d’artifice

                de fin du monde


       . . . . . . . .


ici, très haut

au-dessus du grand arbre

aux branches noires

l’étoile du soir

luit

dans la paix retrouvée de la nuit


Poème de Jped
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Oasis

C’est un nid enfoncé au creux de la nature,
Cerné de pierres nues, de mille vies subtiles,
Un abri loin des bruits fracassants de la ville
Où les liens se renouent, les amitiés perdurent.
 
Les rires, les saisons, les neiges et les flammes
Se mêlent, se déploient, en sarabande folle.
Les souvenirs, dansant leur douce farandole,
Réconfortent les cœurs, rassérènent les âmes
 
Et nous nous recueillons autour de ce foyer,
Vivifiant nos esprits aux feux de l’amitié,
Oublieux des clameurs ravageuses du monde.
 
Occultant les échos de ces guerres qui grondent,
L’instant dissout les pleurs, offrant de sa chaleur
Une oasis sacrée, un refuge intérieur…


Poème de Esterina
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Tu es


la pluie                                   et le vent,


l’ombre                                  et la lumière,


l’aurore                                  et le crépuscule,


le Pot au noir                        et les Quarantièmes rugissants,


le port d’attache                  et les régions éloignées,


l’ici                                         et l’ailleurs


                                       .
                                       .
                                       .
                                       .

une tête sur mon épaule,       


    des paupières papillonnantes,


               ta main brûlante ou glacée sur ma hanche

                                       .
                                       .
                                       .
                                       .

tu es



la paix                                    et la guerre,


la force                                  et la douceur,


les rires                                 et les pleurs,


le toujours là                         et le renouveau,


toi                                            et une autre,


proche                                    et lointaine,


connue                                    et inconnue,




mon passé , 


                         

                     mon présent,




                                               et  mon avenir


Poème de Jped
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Aube grise

des lambeaux d’aube grise à la fenêtre

des cigales et des grillons plein ma tête

et pourtant, au dehors, le pur silence

[depuis longtemps, les cigales se sont tues

et il n’y a plus de grillons dans les champs,

seul un bourdonnement dans mes oreilles, 

simples acouphènes, ou alors qui sait,

mal-être ou écho de souvenirs anciens ?]


puis un aboiement



les branches sèches du vieux frêne,

immobiles, exsangues sur fond de ciel,

les derniers borborygmes de la nuit

le train ne sifflera plus trois fois

dans la gare désertée

[ dont le toit effondré se révèle peu à peu au loin

comme l’image, en négatif, dans un tirage argentique ]

aux voies à peine visibles sous les herbes

et dont les rails ont été arrachés,

laissant la place à un semblant de route

qui -sauf pour les poètes- ne mène nulle part



Poème de Jped
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