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Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

En deuil

Ce soir, mon corps est lourd, vieilli et harassé,
Vide, mon âme veut se draper de silence.
Mon esprit embrumé ne sait plus ce qu’il pense,
Fracassé, il ne peut même plus raisonner.
 
Et mon cœur, lui, mon cœur humilié, piétiné
Palpite encore un peu de ses dernières forces.
Bientôt il s’éteindra comme une vieille écorce
Essoré, déchiré, asséché par sa plaie.
 
Des taches rouge sang violent un ciel stérile,
Nul espoir nul secours dans cette épaisse nuit,
Le mal s’étend, la peur, la douleur et l’ennui.
La vie s’en va, se gâche en sursauts inutiles.
 
J’attends, dans ma langueur, le réconfort du noir,
Des tout derniers tisons fuyant à l’horizon.
De ma mélancolie s’élève une oraison.
Une douce agonie obscurcit mon miroir.


Poème de Esterina
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Un jour d’été

Je t’aime : cela m’arrive comme un arc-en-ciel après la pluie, comme un feu de grange, comme un rire inextinguible, je t’aime comme on aime la vie, comme on traverse un champ de fleurs de lin, comme on se récite à voix basse un poème oublié, comme on fait quelques pas de danse sans savoir danser, comme on oublie ses chagrins, comme on s’enivre d’un rien, je t’aime comme on se parle à voix basse sous la lumière des étoiles, comme on caresse en silence un corps aimé, comme on entre dans la mer, un jour d’été.



Poème de michelconrad
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Pays sans chapeau

– À W.-D., mon ami poète du bout du monde


Une goutte de terre au beau milieu des flots,
Petit bout d’Amérique en ses malheurs enclos,
Un frêle morceau d’île au bord de l’océan,
Un pays palpitant au désespoir béant…
 
En quelques mots, l’esprit emporté par le sien,
Son doux cœur frémissant à l’unisson du mien,
J’ai épousé ces ciels, ces visages ardents,
Depuis mon horizon paisible et inconscient.
 
Fenêtre ouverte en grand sur une terre exquise
De couleurs chatoyantes en rivages offerts
Aux caprices insensés du ciel et de la mer,
Aux soubresauts cruels de failles insoumises.
 
Son verbe délicat, sa passion singulière
Me contèrent l’espoir, la douleur et l’enfer
D’un peuple survivant à ces fléaux fatals
Quêtant dans le ciel noir un étrange fanal,
 
Les mains nues, le cœur pur, la foi inaltérable,
D’un pays mystérieux, aux charmes désirables,
Sortilèges enchanteurs, poésie foudroyante,
Et toutes ses fiertés méconnues mais criantes.
 
Dès lors je rêve en vain aux cimes majestueuses,
Aux azurs infinis, aux plages langoureuses,
Aux arbres tropicaux, à la lumière reine,
Qui portent en leur sein tant de souffrances humaines…



Poème de Esterina
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La femme-océane

Son corps, torche vivante

à l’horizon de la mer

port d’attache

où revient toujours le navire

baie endormie

avant le cap des tempêtes

plage dorée frangée d’écume

sous la houle des Tropiques

            .   .   .   .   .         

 

sauvé des naufrages de la nuit,

tu sens ce corps familier

                  flanc contre flanc

dans les lueurs de l’aube



tu peux à nouveau


                           lever l’ancre


vers les eaux libres


                    de la haute mer



Poème de Jped
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