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Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

Sous un ciel d’encre

les trois flambeaux des frênes

incendiés par les rayons rasants

du soleil au crépuscule,

dans un horizon encore clair

mais prêt à se refermer

sur une nuit inquiète

où éclateront bientôt

les fureurs de l’orage

attendu et redouté


qui sera, comme dans les fêtes

de mon enfance,

un fulgurant feu d’artifice

après l’innocent prélude

de la retraite aux flambeaux,

lampes vénitiennes

                   et lampions brandis

à travers les rues de la ville

                                 endormie,

dans une sarabande effrénée,


jusqu’à l’embrasement final


Poème de Jped
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Mais que veut dire aimer ?

Est-ce cette douleur insidieuse et têtue
Qui écorche sans bruit mille cœurs mis à nu 
Par un départ soudain vers des rives insues ?
 
Est-ce ce temps volé aux heures de loisirs
Pour aider cet ami qui tremble et qui soupire ?
 
Cet élan vivifiant que le printemps dessine
Jusqu’au souffle dernier soulevant nos poitrines ?
 
Est-ce cette émotion face à la beauté pure
Submergeant nos regards charmés par la nature,
Cette douce empathie, troublante communion,
Nous rendant si sensibles à ces palpitations ?
 
Le besoin viscéral d’échanger, de transmettre
Etreignant urgemment et torturant chaque être ?
 
La passion dévorant une âme toute entière
Qui s’exalte sans frein et s’oublie en prières ?
 
La subtile harmonie, de sons ou de lumières,
Faisant perler la larme au bord de nos paupières ?
 
Ce désir enivrant de gravir des sommets,
La frénésie de vie qui ne s’éteint jamais,
Tant qu’un flux mystérieux nous traverse, invisible,
Faisant s’épanouir l’éventail des possibles ?


Poème de Esterina
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La fin de la nuit 

brûlante

             mon épaule

prisonnière de ses mains

                                      brûlantes


sous un pied qui s’étire,

le drap crisse dans un bruit rêche


comme en été quand, sur la plage,

dans l’étreinte du sable

                                  et de la mer,

on perçoit, à demi assoupi,

allongé l’oreille collée au sol,

ce même bruit ténu,

craquements imperceptibles

des grains entraînés par la vague

et roulant sur eux-mêmes

en un mouvement infini

au gré de la houle, du vent

                             et des marées


et que sur notre épaule,

au soleil de l’été,

nous sentons la même brûlure

que quand, à l’aube, ses mains

s’attardent sur nous

                         et nous étreignent


ressuscitant en nous, pour un jour,


le désir de vivre


               dans une vraie fête


                        du coeur et des sens


Poème de Jped
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Sextine contre l’oubli

Te souviens-tu des jours où tu n’étais pas loin ?
Ton regard sur la vie était comme un message.
Il disait : « Ami vois et sois en le témoin !
Car tout autour de moi, la mer comme un passage,
Fera qu’à l’horizon le ciel n’est plus qu’un point
Vers lequel tu oublies qu’il y a des nuages. »

Quand ton long manteau vert enrobait mes nuages
Et faisait qu’avec eux mon soleil semblait loin,
Les cormorans criaient mais tu n’entendais point
Le vent qui emportait au loin tous leurs messages.
Mais tu sais mon amour, petite fée pas sage,
Tu sais qu’il t’appartient et Dieu m’en est témoin

Alors pour notre union, point besoin de témoins.
Ils sont là bleus ou verts ces fabuleux nuages,
Ils célèbrent pour toi le rite du passage.
Je tends vers toi la main mais tu es déjà loin.
Ton regard n’est pas triste, il m’envoie son message :
« Regarde à l’horizon et si tu vois un point,

Ne rage pas, amour, ne lève pas le poing
De cette haine ouverte en guise de témoin !
Que ton âme en colère oublie tous ces messages,
Car le mensonge altère et noircit mes nuages.
Vois ton cœur et mon âme, elle n’est jamais loin.
Regarde l’horizon, c’est là notre passage ! »

Ô toi qui n’es plus là, je ne serai pas sage !
L’indifférent oubli, je ne pardonne point.
Qu’ils sortent de mon cœur et s’en aillent au loin,
Ces êtres consolés et tous ces faux témoins,
Là je maudis ce ciel. Que le leur s’ennuage !
Et maintenant pour eux, je n’ai plus de message.

Tu traçais sur le sable, un dessin, un message,
La dune autour de toi s’érigeait en passage
Et le ciel et la mer se fondaient en nuages.
Le coquillage rare était entre tes poings.
Tu les gardais fermés, c’est un précieux témoin.
Te souviens-tu ma mie, je n’étais pas très loin.

Quand aujourd’hier encor je relis ton message,
Tu souris; c’est l’invite à refaire le passage
Aux amours éternels entre tous les nuages.


Poème de Emrys
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