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Dans le petit matin de mai 

Il y a trente-six mille manières d’être triste. La tristesse d’amour est toujours la plus douce, la plus miraculeuse, elle est semblable au parfum du lilas blanc que l’on trouve sur son chemin, mais il suffit d’un mot, d’un geste de l’aimée dont on attend tout, pour effacer cette tristesse, pour atteindre la joie parfaite, celle qui fait rayonner le cœur, comme lorsqu’on part à la recherche de l’aurore, dans le petit matin de mai.


Poème de michelconrad
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Ne demande pas ton chemin …

je me suis perdu
dans les bois de mon enfance,
hors des sentiers battus,
parmi les arbres
             et les broussailles,
en quête de glands,
            de châtaignes,
                          et d’aventure

                       je me suis perdu
dans les impétueux courants
et les tourbillons du gave,
qui m’emportaient vers l’aval
                             et l’inconnu,
ou à travers ses bras morts
aux eaux sombres et malsaines,
         et plus glacées encore

                 je me suis perdu
sur les fleuves de Guyane,
jusqu’au Haut Maroni
et aux rapides de l’Itany,
parmi les dernières tribus
des Indiens Oyana Oyana,
couchant dans leur hamac,
partageant leur kasave
à la sauce de poissons
qui ont macéré au soleil

                 je me suis perdu
parmi les coraux colorés
et les prairies sous-marines
de la côte sous le vent,
à la Guadeloupe,
là où les barracudas pensifs
vous épient, en cercle,
tout au long de vos plongées

                   je me suis perdu
un jour, dans la mer caraïbe,
échoué sur l’île aux oiseaux*,
dormant dans leur fiente
qui recouvrait tout le sable
d’une couche épaisse, fade,
dans le bruit de leurs ailes,
           enveloppé de leur cri

                   je me suis perdu
dans les sables du Sahel,
où les pistes,  ne mènent
nulle part, sauf, parfois,
à quelque ville fantôme,
au bord d’un fleuve à sec

                   je me suis perdu
dans les rizières du Viet Nam,
sur les diguettes,

d’un village entouré de bambous
         à un autre, semblable,
ou d’une pagode à une autre,
toutes muettes et silencieuses

                je me suis perdu
dans les ciels immenses
d’une île perdue sous l’équateur**
naviguant, des nuits entières,
de la Grande Ourse
                     à l’Etoile du Sud


je me suis perdu avec  passion,
je me suis perdu avec bonheur,
je me suis perdu avec désespoir,


je me suis perdu …

          je me suis perdu …

                  je me suis perdu

                         je me suis perdu …

                . . . . . . . .


mais pourquoi as-tu couru ainsi,
sans rime ni raison, sans fin,

dans toutes ces contrées
          et sur tous ces chemins,


pourquoi as-tu erré
            jusqu’à te perdre
                 à travers le monde,

              pourquoi, le sais-tu?


peut-être justement, simplement,

                               pour te perdre … .



* La Isla de Aves
** São Tomé


. « Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît, tu risquerais de ne pas t’égarer »: phrase de Rabbi Nahman de Bratslav, citée par le peintre Garouste.



Poème de Jped
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Je voudrais être un arbre

Je voudrais être

Un arbre

Pour ouvrir

Mes bras

Aux oiseaux

Et embrasser

La terre

De mes racines

Je voudrais être

Un arbre

Et à l’hiver

Encoller la neige

À mes branches

Et à l’été

Boire la pluie

Silencieusement

Je voudrais être

Un arbre

Au printemps

Et laisser naître mes bourgeons

Ou à l’automne

Briller

De toutes mes couleurs

Je voudrais être

Un arbre

Et imaginer

Des forêts

Partout sur la terre

Je voudrais être

Un arbre

Et devenir

Du papier ou une chaise

Ou une maison

Je voudrais être

Un arbre

Et mourir

Dans le feu

Pour te réchauffer

Mon amour


Poème de Julien Hoquet
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Je suis


Je suis…
 
Le vieil arbre aux mille racines
L’oiseau qui tourbillonne au vent
Une large fenêtre ouverte
Sur ce fugace bout de temps
Sur ces terres proches ou lointaines
Bien au-delà des océans
Et sur les sphères étoilées
Par-delà les confins possibles.

Je suis…

La douce mésange fébrile

Dansant sa ronde généreuse

Cette oreille qui s’étourdit

Au son de ton chant obsédant

Ce regard brisant le silence

La larme de joie qui s’écoule

Les mots versant sur cette page

Leur éventail de sentiments.

Je suis…

Ce soleil levant sur les flots

L’enfant apeuré dans la nuit

La tempête au cœur, l’âme en peine

La brise qui porte les rêves

La sève insufflant son élan

Le cœur qui se languit de toi

Et toutes ces fleurs qui s’éploient

Sous les caresses du printemps.

Autant de perles éphémères

Façonnant le tissu du temps

L’étoffe d’une vie humaine

Qui se déploie pour un instant

Puis referme ses ailes frêles

Pour un envol universel…


Poème de Esterina
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