Information

Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

En suspension

De ce morceau d’éternité
Qui un jour m’a été donné
Que vais-je faire ?
M’enfermer dans des rives claires ?
 
M’accrocher aux barreaux du temps ?
Boire à la source de Jouvence,
Habiter l’instant qui se tend
Vers un au-delà du silence ?
 
M’éprendre de mille aventures
Sous ce filet de Lune pure
Coulant de falaises obscures
Dans le flot de mes déchirures ?
 
Suivre ces lacets insensés
Conduisant là où nul ne sait ?
Ou surfer au gré des remous
Qui m’éveillent et me secouent ?
 
Malhabile funambule,
Suspendue, je déambule
Sur le fil ténu des années,
Le vent lave mes pleurs fanés.
 
Que reste-t-il de mon voyage ?
Quel sillon creuser sur ces pages ?


Poème de Esterina
Lien direct du poème


 
 

Les terres rouges de Camarés

terres rouges*, terres brûlées,
où les prés aujourd’hui
sont couleur de cendre,
où les champs d’or
des tournesols
de la fin du printemps
ne sont plus que des carrés
noirs, sous la canicule,

et l’arbre, dernier survivant
de la forêt, étend son ombre
charbonneuse sur ce désert

terres rouges, terres brûlées
par la rigueur des éléments,
les calamités naturelles,
mais aussi par la main
de l’homme,
défricheur, destructeur
des forêts primitives
pour sa propre survie,
par les guerres et les violences
aussi, soldats anglais, routards,
pillards,fanatiques de tous bords

et les eaux du Dourdour,
témoin de cette terre primitive
et de tous ces crimes,
ensanglantées, couraient
vers les plaines heureuses
du pays de Cocagne**
où le bleu pastel, don du ciel,
apportait la richesse,
régnait en maître,
où les pampres de la vigne
s’enroulaient aux frênes,
où les truffes poussaient
                      sous les chênes,

     où il manquait quelque chose
pourtant,
cette couleur rouge du haut pays
qui est celle des flammes,
de la passion sauvage, du défi,
          du combat de la vie même

* Le Rougier de Camarés, au sud de l’Aveyron
** Région dont la capitale était Lavaur et qui s’enrichit au XVIème  siècle grâce à la culture du pastel qui était, à un certain stade, sous forme de boule, coque ou cocagne. D’où l’expression  » pays de Cocagne »




Poème de Jped
Lien direct du poème

Retiens l’été

Retiens l’été

Encore un instant

Ses parfums délicieux

Et ses soirées brûlantes

Qui captent la gaîté

Des enfants qui se bourrent

De coke cerise et de chips BBQ

Comme des baisers chauds

Volés dans la ruelle

À la nuit ruisselante

Retiens l’été

Ne le laisse pas

S’en aller

Garde ses tourmalines

En forme de larme

Dans ton bleu de Gênes

Et aux jours froids de l’hiver

Elles te rappelleront l’été

Accroche-toi à la lune

Avec tes souliers d’étoiles

Chante sous la pluie chaude

Des beaux soirs d’été à la menthe

Car bientôt tu sentiras

La glace qui marche

Vers le cœur de ton pays

Retiens l’été

Sa fièvre jazzy

Son rire capoté

Et ses inlassables flâneries urbaines

Qui te feront encore danser

Aux matins givrés


Poème de Julien Hoquet
Lien direct du poème

J’aime les oiseaux

J’aime ces fricheurs des îles
J’aime leurs chants d’eau vive
Dans la brume et le brouillard
Au caprice chatouilleux des quenouilles

J’aime la Chute-aux-Outardes
Ses marais enchanteurs
Là où la Grande Aigrette discrète
Blanche et longiligne
Fait son nid
Là où le petit Héron Vert en ravaudage
Cherchent des grillons en vagabondage

Alors quand la lune s’en va pleurer
Comme une madeleine
De grands nuages de fagotage
Je t’aime doucement

Et tranquillement la lenteur
Automnale
De la chênaie câline
Ses troglodytes de Caroline
Et ses orioles de Baltimore
Avec sa voix de ténor affectueuse
Voilà,l’automne que j’aime
Et qui entonne avec ses oies tonitruantes 
La chanson des migrations

C’est cet automne qui revient
Sur la prunelle des cieux
Quand au bassin de pêche
Viennent les balbuzards
Et les martins-pêcheurs
Pour y racoler le poisson
Et donner la berlue aux sirènes
Que j’aime, que j’aime

J’entends la mélopée touik- tchit 
Des bécasseaux à échasses
Au crépuscule d’Amérique
Et la goualante des bihoreaux gris
Comme ces religieuses mortes
Au chant du râle de Virginie

J’aime tant la nuit qui vient
Alors que la chouette se fait plaisir
À l’écho de ses hululements d’enfer
Et que le Grand Duc magnanime
Du bec au gousset, le regard sévère
Lui tirera la langue et que la brunante
Les enveloppera délicatement

Alors,oui, j’aime ces corneilles
De Ville LaSalle
Qui harpaillent mes oreilles
Au chevet de ce poème-pochard




Poème de Julien Hoquet
Lien direct du poème