Information

Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

De nouvelles couleurs

Il faudrait inventer de nouvelles couleurs

Pour tracer à la plume au grand livre des jours,

Par-delà les chagrins, par-delà les douleurs,

Les vérités enfouies, rêvées depuis toujours.

De nouvelles portées, de nouvelles mesures,

Pour graver dans nos vies la musique féconde 

Du poème enchanté, sans rime ni césure,

Qui les proclamerait à la face du Monde.

De nouvelles graphies, de nouvelles grammaires,

Pour comprendre le flot des pensées parallèles 

Qui déchirent les noeuds des filets éphémères 

Qu’on a tissés jadis et qui replient nos ailes.


De nouveaux mots enfin pour conter le miracle 

De ce jour improbable et pourtant si certain

Où, semant le futur à l’insu des oracles,

Deux âmes jumelées ont croisé leurs destins.


Poème de Mr Strangeweather
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Conversation

Un petit escargot
Je tenais dans ma main
A voulu me saluer
Aussitôt ce matin

Sortant ses cornes fraîches
Et sa tête et son pied
De mon doigt se pourlèche
Et ne veut le lâcher

On discute un moment
Nouvelles du jardin
De la pluie du beau temps
De salade en festin

Puis nous prenons congé
Chacun en son logis
La coquille nacrée
Ou le pavillon gris

Qu’il est doux d’être ami
Des bêtes et des fleurs
Et de leur compagnie
Se délecter le coeur.  

Sinziana Ionesco (2018)




Poème de Sinziana
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Novembre aux métamorphoses précieuses

En robe rouge en robe orange
Les feuilles mortes font les folles
Aux frairies fraiches des villages,
En étrangères.

Ces rutilantes voluptés
Au soleil fade et fatigué
Sont au plaisir renouvelé
D’embrasser le sol.

Ô Novembre !
Novembre comme un passage,
Rêve errance galante,
Aux arômes boisés.

Étonnante métamorphose,
Odorante humilité
De la chose végétale

Livrée, mêlée au minéral.

Ivre de l’aiguail parfumé des sous-bois,
Le mésange songeuse vole
Heureuse malgré tout.
Aux abois dans un ciel de travers,
Des nuages sévères s’affolent.


Bien à l’abri des gris acides venus d’ailleurs,
Novembre en robe de chambre écoute Schubert.
Un précieux voyage en hiver, demain.




Poème de Emrys
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#withyou

Il y a les amies et les amies d’amies,
Et vos récits sans fard des moments de détresse,
Et les tyrans pervers qui brisent la promesse
Que l’amour a chantée à l’aube de nos vies,

Et la bouffée de fiel qui agresse mes sens
En lisant vos récits de leurs exploits sordides,
Et ma condition d’homme envahie par le vide,
La honte, la colère et la froide assurance

Qu’une autre, près de moi, souffre encore en silence.
Et mon cœur qui s’emplit de l’écho de vos peines,
Et l’envie de clamer par les mots qui me viennent
Que je n’oublierai pas le cri de vos souffrances.


Poème de Mr Strangeweather
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Ce que je sais de toi

Je ne sais pas si je t’aime,
Car je ne te connais pas,
Je te vois juste très belle
Mais cela ne suffit pas!

Non ce n’est pas de l’amour,
Mais j’ai le son de ta voix,
Ta musique en paroles,
Et peu importe sur quoi.

Non ce n’est pas de l’amour,
Même si dans tes yeux clairs,
La franchise est si sincère
Qu’elle inonde sa lumière!

Non ce n’est pas de l’amour,
Sauf quand ton rire résonne,
Et que tout ton corps l’esquisse,
Ton enthousiasme rayonne.

Non ce n’est pas de l’amour,
Même si tu fais rêver,
Car dans chacun de tes gestes
Brille la féminité.

Non ce n’est pas de l’amour,
Juste ému quand je te vois
Si mère, femme, rêveuse,
Sans défense et langoureuse.

Non ce n’est pas de l’amour,
Mais c’est si vrai près de toi,
Que le temps n’existe pas ;
Et pèse les autres fois !

Non ce n’est pas de l’amour,
Mais celle que tu recèles,
Subtile, celle qui me blesse :
C’est ton immense tendresse !

C’est ce que je sais de toi
Que tellement tu m’inspires,
Que tout entier à écrire,
Un roman ne peut suffire !

Malgré tout, je ne sais pas
Ce que tu penses de moi ?
Mais puisqu’on ne s’aime pas,
L’amitié me suffira.



[William Valant]




Poème de William Valant
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