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Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

We’ll gather lilacs in the spring again

J’aurais voulu chanter tout l’azur qui m’inspire
Et ces franges d’espoir qui bordent ma mémoire
Mais à quoi bon chercher en vain à retenir
Ces perles de bonheur, fantômes dérisoires ?
 
Une révolution depuis ce jour de mai
Qui t’a vu s’envoler dans un dernier élan
Brûlant de ta passion jusqu’au bout consumée
Aventurier têtu, éternel conquérant.
 
Un an et refleurit le lilas entêtant
Qui emplit mon esprit de douce nostalgie
La nature poursuit son rêve ensorcelant
Et nous voilà séduits par sa folle magie.
 
Encore au rendez-vous ces couleurs, ces effets,
Et renaissent des eaux troubles et enivrantes
Qui teintent le présent de singuliers reflets
Et attisent en mon cœur des braises frémissantes.
 
Oui, je retournerai recueillir le lilas
J’humerai sa splendeur, me laisserai charmer
J’offrirai du printemps les plus tendres éclats
Aux souvenirs sacrés qui nous lient à jamais.



19.05.2019



Poème de Esterina
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Qui suis-je ?

Faite de bric et broc, de morceaux et fragments,
De doute et de fierté, de peurs existentielles,
De tant de souvenirs et de petits moments,
Qualités et défauts, substances essentielles,
           Qui suis-je ?

Année après année, l’accumulation
De tant d’événements, de faits, d’apprentissage
Ont fait au fond de moi sédimentation,
Mais toujours je demande et renvoie ce message :
           Qui suis-je ?

Maintes difficultés, souvent, je boycottais
Avant que de pouvoir, enfin, leur faire face ;
Il me semblait savoir, comprendre qui j’étais,
N’explorant toutefois, des eaux, que la surface.
           Qui suis-je ?

La personnalité, tel un bourgeon, fleurit
Dans un fécond terreau d’idées et de culture.
Sans ces soins le bourgeon, ratatiné, flétrit.
Rien ne me fait plus peur que cette flétrissure.
           Qui suis-je ?

L’almanach de ma vie s’égrène chaque jour,
Comme un lent métronome à marche inexorable.
De par mon existence, écrits, travail, amour,
Qu’ai-je donc fait qui puisse être, un jour, mémorable ?
           Qui suis-je ?




Poème de Cyraknow
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Râpa Nui, la triste, l’inconsolée

      quand, las d’une vie immobile
sur les terres de leurs pères,
ils prenaient à nouveau la mer,
Ils emportaient dans leur  sillage
les craintes, les espoirs et les rêves
                         de tout un peuple

        ils avaient perdu la mémoire
de leur lointaine origine,
ils savaient, à travers les récits,
qu’ils étaient venus d’île en île,
qu’ils avaient trouvé et perdu
cent fois leur petite patrie,
que les cendres de leurs ancêtres
et leur histoire s’égrenaient     
à travers un archipel improbable,
le long  d’une route mythique
d’ouest en est sur le grand océan,
une sorte de voie lactée traversée,
au cours des âges et des saisons,
non d’un essaim de météorites,
mais par des centaines, des milliers
de ces pirogues à balancier
dont leurs ancêtres avaient le secret

pour eux, il n’y avait pas d’horizon,
pas d’univers caché déjà là,
à découvrir et à conquérir car,
selon leurs croyances anciennes,
les terres sortaient de l’eau,
au gré des dieux, à leur approche,
et ils plongeaient leur main
dans la mer. le long de la coque,
pour sentir les courants marins
qui les conduisaient là où,
de tout temps, ils devaient aller

    ainsi étaient nés, sur leur route,
au cours du temps, des siècles,
des millénaires peut-être,
d’étranges chapelets d’îles,
et la plus belle d’entre elles,
                   l’incomparable Tahiti
qui devait être le terme final
de leur errance, la terre promise,
le pays de Canaan
où leur peuple devait séjourner
       et être heureux pour l’éternité

         mais le démon de l’aventure,
l’orgueil, les entraînera à nouveau
sur les mers, vers le Levant,
dans l’espoir insensé, le projet fou
d’être les premiers dans l’univers
à voir le Soleil naître des eaux
tel le Dragon Surgissant
                            du Fleuve Rouge


    mais ils avaient fatigué les dieux
qui dresseront sur leur route,
au terme d’une longue errance
la triste, l’inconsolée Râpa Nui
qui sera leur tombeau et où,
ayant brûlé les embarcations
qui les avaient conduits,
pour leur malheur, sur cette terre
stérile, ils agoniseront longtemps
puis, à la fin, se laisseront mourir,
désespérés, tournant le dos à la mer

comme les Moaïs, ces statues géantes,
qu’ils s’épuiseront à tailler dans le roc
et à traîner jusqu’au bord de l’eau,
où ils se dressent encore aujourd’hui,
impavides,  le regard vide, déplorant
sans fin le tragique destin d’un peuple
né pour le chant, la danse, le bonheur,


ces fils du soleil et des mers chaudes
prisonniers ici des courants froids
de l’Antarctique, sur un sol désolé,
une roche nue, sans arbres ni bêtes,
sans autre forme de vie venue d’ailleurs
que les dauphins et les oiseaux de mer,
rappelant cruellement à ces proscrits
les terres heureuses, inaccessibles
                                                     à jamais




Poème de Jped
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Les Sables Rouges

Déluges soudains de merle !
…surprennent les grisollements.
Et je n’ai pas encore
choisi mon camp…
dans l’entre-deux des landes
aux fleurs étourdissantes sabrées de sel.

Au froid des soleils levants
le grenat des sables s’entoure
d’une brume de mer…

et les frontières
entre les roses du ciel et de terre
s’érodent.

Les retours s’apprennent
aux déchirures des ronces dans les sous-bois
à l’umami sur la langue le long des falaises.

Et pourtant la rapière du Nordé
refuse de rompre et le silence…

me réveille encore.


Poème de Anwen
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Equinoxe

(2ème édition)


Fusant des nuages quelques rais de soleil
Pavaient de loin en loin, comme aux pas d’un géant,
Tantôt le blond des blés et tantôt l’océan,
De puits de lumières s’enfonçant dans le ciel.


Au dos des falaises, plantées dans la bruyère,
Bâties entre l’ardoise et le rose granit
Des taches de murs craie résistaient insolites
A la brume, au vent et au gris de la lumière.


La mer était d’acier et le ciel la battait,
Aux enclumes grises de nuages de pierres
Lapidant l’horizon d’averses traversières,
Forgeant quelques vagues quand l’éclair s’abattait.


La côte arc-boutée aux rochers écumants
Luisait sous les embruns de beaux noirs irisés.
Les pins maritimes qu’on eut dit épuisés
Posaient branches à terre d’un long hurlement.


Et rien ne semblait plus capable à ce moment
De résister encore aux ondes déchaînées.
Les marées d’équinoxe; antiques forcenées,
Laminaient la terre de tous leurs éléments.


De par-dessus la haie de ce chemin de ronde
Au milieu du chaos, comme tirant un trait,
Au bout dun vol parfait que son aile étirait,
Un goéland passa…. Il était roi du monde.

St Quay Portrieux  2008




Poème de JMAP06
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