Information

Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

Prélude

l’aube se lève désolée, sur notre monde qui a peur,
certains s’en vont d’autres demeurent ,
bien qu’allongé dans la souffrance,
la vie s’accroche à l’espérance,
l’esprit s’envole en tous ces lieux,
ou l’histoire nous rapproche un peu,
des souvenirs et des images
imprimés sur toutes les pages,
certains s’en vont d’autres demeurent,
la pendule égraine les heures,
pourtant derrière la fenêtre,
le soleil brille et l’herbe est verte,
dans tous les yeux, dans tous les cœurs,
le temps s’enfuit, l’amour demeure !


Poème de Olivier HEBERT
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Baromètre de l’humeur

(pantoum)


Frileux, désagréable, étrange,

Le jour s’est levé ce matin.

L’eau lourde se prend dans ma frange,

Noircissant mon reflet châtain.


Le jour s’est levé ce matin,

Emmitouflé dans une averse.

Noircissant mon reflet châtain,

La pluie épaisse me transperce.


Emmitouflé dans une averse,

Le baromètre baisse encor.

La pluie épaisse me transperce,

Me frigorifiant le corps.


Le baromètre baisse encor ;

Il se peut que ce soir il neige !

Me frigorifiant le corps,

Tout mon bonheur se désagrège.


Il se peut que ce soir il neige,

Pour laisser un sol blanc demain.

Tout mon bonheur se désagrège ;

Je couvre mes yeux de la main.


Pour laisser un sol blanc demain,

Les flocons déjà s’amoncellent.

Je couvre mes yeux de la main

Et les larmes salées ruissellent.


Les flocons déjà s’amoncellent,

Mais le plus froid reste à venir.

Et les larmes salées ruissellent ;

Qui m’ôtera mon souvenir ?


Mais le plus froid reste à venir :

Le baromètre baisse et change !

Qui m’ôtera mon souvenir,

Frileux, désagréable, étrange ?



Fin avril 2020

Ecrit en période de confinement



Poème de Cyraknow
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Bulle d’or

Et pendant ce temps-là, tu te moques de moi,
Toi, le faucon qui plane  au-dessus de ma tête,
Toi, l’écureuil curieux qui fouine dans les  bois,
La guêpe qui tournoie sur les corolles en fête,

L’agneau fou qui s’ébroue pour son premier printemps
Et le chat vagabond qui hante le jardin…
Dans ma prison dorée, je remplis les instants
Du salut vaporeux du soleil du matin,

De la course éperdue du chevreuil qui s’enfuit,
De la musique bleue d’un piano voyageur,
De ton regard brumeux au sortir de la nuit
Et des rêves oubliés qui repeuplent mon cœur…

Contre le flot grondant du monde inquisiteur
Des humains englués dans des peurs viscérales,
Cernés par des fléaux en cascade d’horreurs,
Je cultive ces fleurs près des chutes fatales.

Laissez-moi donc rêver au rachat de ce monde
Aux ailleurs irréels aux beautés  singulières
Aux âmes disparues dont la pensée m’inonde
A l’enfance perdue pourtant si familière…


Poème de Esterina
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Face à Face…

Tu regardes la spume
A ton bord d’océan
Qui salive le heurt
D’un rendez-vous manqué,

Tu ignores l’écume
Caressant ton arène
Sur la grève au clapot
De ses coïncidences.

Et ce trouble te parle,

Où silence et fracas
Y festonnent la mousse
D’un ruban échoué
Sur la ruine alanguie
De tes châteaux de sable.

Tu es seul…



Poème de baccala
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L’homme et le renard

Sur le bout des branches perlait un vert si tendre
Que Pâques promettait en cette fin d’hivers
D’achever en couleur, les frimas de décembre
Et de remettre au coeur, des goûts de primevères.
Tout respirait le calme, et les arbres vibraient
De longs rayons bleutés d’une ardente lumière
Qui dessinait au sol, d’une lueur de craie
La dentelle des branches sur le dos des fougères
J’allais en souverain, l’âme et le coeur en paix
Le nez dans les odeurs, un bâton à la main
Ignorant les douleurs du temps qui s’échappait
La forêt me rendait mes vingt ans en chemin.

C’est là que je le vis, la patte ensanglantée
Prise entre les feuilles, dans des mâchoires de fer,
C’était un renard gris, au pelage argenté
Qu’un féroce chemin conduisait en enfer.
Sa robe haletait imperceptiblement
Des frayeurs de la nuit et l’on voyait sans peine
Les tortures infligées impitoyablement
Par des mains sans tendresse et pourtant bien humaines.
Quand il leva les yeux, sur mon être improbable
Je vis dans son regard, toute l’humanité
Qu’on prête au grand nom d’homme* et qui n’est qu’une fable
Quand on voit de nos moeurs la triste vanité.

Un profond dilemme se partageait mon coeur,
Où fuir son agonie, où tarir ses souffrances ?
Par l’impossible choix, j’éprouvais la douleur
De la bête immobile et de mon impuissance.
Je restais là longtemps, à méditer en vain
Sur les tares humaines où résident nos peurs
A nos idées qui glissent comme l’eau sur les mains
Et dont on ne retient que les gouttes des pleurs.
Seigneur pourquoi faut-il tant de grands sentiments
Pour conduire les hommes aux pensées si fragiles
A mépriser la vie la nature et le sang
A se croire essentiels et n’être qu’inutiles.

Le soleil déclinait au souffle de la bête
Elle mourut d’un rayon doux et sanguinaire
Lasse de vains efforts, laissant tomber sa tête
Livrant le poids du monde à tous ses tortionnaires.
Cette délivrance, je la sentis si fort
Que des larmes de joie, de peines et d’amertume
Coulèrent sur mes joues, douces perles de mort
Quand la vie est un joug et les espoirs posthumes.
Dans le doux vent d’avril je repris mon sentier.
Au ciel, des funérailles brûlaient, éclatées,
Comme un dernier hommage au renard argenté,
Mort de l’humain partage entre haine et bonté.

Cannes 2008 Valderoure 2019




Poème de JMAP06
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