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Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

We’ll gather lilacs in the spring again

J’aurais voulu chanter tout l’azur qui m’inspire
Et ces franges d’espoir qui bordent ma mémoire
Mais à quoi bon chercher en vain à retenir
Ces perles de bonheur, fantômes dérisoires ?
 
Une révolution depuis ce jour de mai
Qui t’a vu s’envoler dans un dernier élan
Brûlant de ta passion jusqu’au bout consumée
Aventurier têtu, éternel conquérant.
 
Un an et refleurit le lilas entêtant
Qui emplit mon esprit de douce nostalgie
La nature poursuit son rêve ensorcelant
Et nous voilà séduits par sa folle magie.
 
Encore au rendez-vous ces couleurs, ces effets,
Et renaissent des eaux troubles et enivrantes
Qui teintent le présent de singuliers reflets
Et attisent en mon cœur des braises frémissantes.
 
Oui, je retournerai recueillir le lilas
J’humerai sa splendeur, me laisserai charmer
J’offrirai du printemps les plus tendres éclats
Aux souvenirs sacrés qui nous lient à jamais.



19.05.2019



Poème de Esterina
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De ses mains

Contre la folie des vents

Qui m’écartèle

Chaque soir

Baissant les voiles

De mon navire

Je m’endors

Et au matin

Rien qu’une caresse

De ses petites mains

Maille après maille

Refait mon printemps

Et elle me réveille

Chaque fois

Avec un cœur d’orfroi

En fait, elle m’éveille

Avec ses mains

En tout temps

Et point à point

Elle en libère des chants d’oiseaux

Des sonates de dentelles

Et alors elle apaise doucement

L’apnée de mes nuits

Et me ramène à elle

De fil en aiguille

Et chaque fois

C’est pareil

J’ai le cœur fanfreluche

Et quand enfin

Elle ouvre son amphore

Des mandalas s’envolent

Et me désarticulent

Telle une poupée

Pour faire tomber

Les mots accrochés

À mes délires poétiques

Et avec ses doigts

Ses doigts de fée

Elle me brode

Mille baisers

Et à chaque fois

Elle endimanche mes jours

Avec ses mains d’or

Et tant qu’elle voudra

Elle se faufilera sur ma peau

Pareil qu’au premier jour

Ouvrière de l’Amour

Elle émerveillera encore

Mon âme et mon corps


Poème de Julien Hoquet
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Ne pars pas mon enfant

Viens mon enfant

Saute sur mes épaules

La brume se lève

L’aurore est là

Allons courir vers la mer

Et regarder les navires à l’horizon

Ils viennent au port

Charger nos récoltes

C’est le mois des moissons

Ta mélancolie, mon enfant

Aura toujours l’odeur de la terre

Et aux séduisantes vagues côtières

Qui viendront appâter ton imaginaire

Le vent soufflera une poignée de poussière du pays

Et il emportera tes désirs capricieux

Loin de ces marins qui se consument à la mer

Et chacun de tes jours aura le parfum de l’humus

Mais il te faudra suer au champ de blé

Pour labourer tes rêves

Et pétrir ton pain quotidien

Viens mon enfant, oublie la mer

Saisis faux et faucilles

Et un jardin fraternel t’ouvrira les bras

Tu ne seras plus l’étranger de personne

Tu trouveras le visage aimé

Et ta raison de vivre aura sa beauté

À ton tour, tu amèneras tes enfants

Voir la mer et tu comprendras

Que les pâturages nourrissent aussi les âmes

Alors tu pourras venir sous l’olivier

Rejoindre tes ancêtres

Dans la paix noble et infinie

Du labeur fastidieux accompli


Poème de Julien Hoquet
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Qui suis-je ?

Faite de bric et broc, de morceaux et fragments,
De doute et de fierté, de peurs existentielles,
De tant de souvenirs et de petits moments,
Qualités et défauts, substances essentielles,
           Qui suis-je ?

Année après année, l’accumulation
De tant d’événements, de faits, d’apprentissage
Ont fait au fond de moi sédimentation,
Mais toujours je demande et renvoie ce message :
           Qui suis-je ?

Maintes difficultés, souvent, je boycottais
Avant que de pouvoir, enfin, leur faire face ;
Il me semblait savoir, comprendre qui j’étais,
N’explorant toutefois, des eaux, que la surface.
           Qui suis-je ?

La personnalité, tel un bourgeon, fleurit
Dans un fécond terreau d’idées et de culture.
Sans ces soins le bourgeon, ratatiné, flétrit.
Rien ne me fait plus peur que cette flétrissure.
           Qui suis-je ?

L’almanach de ma vie s’égrène chaque jour,
Comme un lent métronome à marche inexorable.
De par mon existence, écrits, travail, amour,
Qu’ai-je donc fait qui puisse être, un jour, mémorable ?
           Qui suis-je ?




Poème de Cyraknow
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Râpa Nui, la triste, l’inconsolée

      quand, las d’une vie immobile
sur les terres de leurs pères,
ils prenaient à nouveau la mer,
Ils emportaient dans leur  sillage
les craintes, les espoirs et les rêves
                         de tout un peuple

        ils avaient perdu la mémoire
de leur lointaine origine,
ils savaient, à travers les récits,
qu’ils étaient venus d’île en île,
qu’ils avaient trouvé et perdu
cent fois leur petite patrie,
que les cendres de leurs ancêtres
et leur histoire s’égrenaient     
à travers un archipel improbable,
le long  d’une route mythique
d’ouest en est sur le grand océan,
une sorte de voie lactée traversée,
au cours des âges et des saisons,
non d’un essaim de météorites,
mais par des centaines, des milliers
de ces pirogues à balancier
dont leurs ancêtres avaient le secret

pour eux, il n’y avait pas d’horizon,
pas d’univers caché déjà là,
à découvrir et à conquérir car,
selon leurs croyances anciennes,
les terres sortaient de l’eau,
au gré des dieux, à leur approche,
et ils plongeaient leur main
dans la mer. le long de la coque,
pour sentir les courants marins
qui les conduisaient là où,
de tout temps, ils devaient aller

    ainsi étaient nés, sur leur route,
au cours du temps, des siècles,
des millénaires peut-être,
d’étranges chapelets d’îles,
et la plus belle d’entre elles,
                   l’incomparable Tahiti
qui devait être le terme final
de leur errance, la terre promise,
le pays de Canaan
où leur peuple devait séjourner
       et être heureux pour l’éternité

         mais le démon de l’aventure,
l’orgueil, les entraînera à nouveau
sur les mers, vers le Levant,
dans l’espoir insensé, le projet fou
d’être les premiers dans l’univers
à voir le Soleil naître des eaux
tel le Dragon Surgissant
                            du Fleuve Rouge


    mais ils avaient fatigué les dieux
qui dresseront sur leur route,
au terme d’une longue errance
la triste, l’inconsolée Râpa Nui
qui sera leur tombeau et où,
ayant brûlé les embarcations
qui les avaient conduits,
pour leur malheur, sur cette terre
stérile, ils agoniseront longtemps
puis, à la fin, se laisseront mourir,
désespérés, tournant le dos à la mer

comme les Moaïs, ces statues géantes,
qu’ils s’épuiseront à tailler dans le roc
et à traîner jusqu’au bord de l’eau,
où ils se dressent encore aujourd’hui,
impavides,  le regard vide, déplorant
sans fin le tragique destin d’un peuple
né pour le chant, la danse, le bonheur,


ces fils du soleil et des mers chaudes
prisonniers ici des courants froids
de l’Antarctique, sur un sol désolé,
une roche nue, sans arbres ni bêtes,
sans autre forme de vie venue d’ailleurs
que les dauphins et les oiseaux de mer,
rappelant cruellement à ces proscrits
les terres heureuses, inaccessibles
                                                     à jamais




Poème de Jped
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