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Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

Septembre


Ô comme tu lui ressembles !

À cet été finissant qui ne verra jamais octobre,

À ce rayon timide et sobre

Qui n’ose entrer dans l’ombre où ma lumière tremble,



Inquiète.



Je ne t’ai pas rêvée,

À peine imaginé

Qu’un jour tu serais prête

À faire ce long voyage,

À braver la tempête

Comme on tourne une page

Que l’on croit à jamais



Écrite.



Comme tu leur ressembles

À ces nuages étonnamment heureux

Qui dans ton ciel vont l’amble

Sous les regards vitreux

D’un soleil finissant.



Demain ton ciel vêtu


D’un manteau d’ambre nu


Aux couleurs d’héliodore


Aux parfums d’hellébore

Attendra le deuil blanc.



Poème de Emrys
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Ballade du non-amour

On espère, on prie à genoux,

c’est toujours la même dérive,

je me consume d’amour fou,

je n’atteindrai pas l’autre rive,

je ne suis pas aimé de vous,

de ces pays de solitude,

on ne sort jamais, voilà tout,

la tristesse est ma seule étude,

on rêve que tout se dénoue,

le malheur est mon habitude,

je ne suis pas aimé de vous,

j’attends une improbable aurore,

qui surgirait je ne sais d’où,

le chagrin est mon seul trésor,

lui, il m’accompagne partout,

c’est ma richesse et mon seul or :

je ne suis pas aimé de vous.


Poème de michelconrad
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Des épaves, au fond des yeux

Comme elle était belle

Ma douleur

Elle avait des épaves

Au fond des yeux

Tant de chagrins

Tant de tristesses

Avec un ciel étoilé

Qu’elle portait

Sur ses épaules

Et des miracles

Dans ses mains

Qu’elle offrait

Aux vents capricieux

Comme elle était belle

    Ma douleur

Comme elle était belle

Avec ses cheveux blancs

Sa voix brisée

Sur des points virgules

Et son odeur

Qui a pris le large

À jamais

Un matin de septembre


Poème de Julien Hoquet
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Les flâneurs de la Côte-Nord

– À mon amie Laurence –


Le vent mélange les arômes d’herbes salées

Et de bouleau blanc, de Baie St-Paul à Tadoussac

La brise roule sur les nuages

Et la terre exhale encore l’aquilon

Qui raille sur les conifères de juin

La lumière enrobe la brume

Et le vent s’enfuit vers la Côte-Nord

Quand le ciel se penche sur le fleuve

Les vagues brodent sur le sable

Et tissent des nuages en dentelles

Les cétacés et les enfants cueillent

Les nénuphars de la vie

Pendant que les vieux cachalots s’échouent

De Tadousac aux Iles Mingan

Puis le vent s’en va à dos de baleine

Dans un éclat de rire impétueux

C’est l’histoire d’une lumière chaude

Descendue avec les bourrasques du nord

Et qui regarde stupéfaite

Le travail du temps

Qui change les cailloux géants

En sculptures colossales

Le cœur abattu mais heureux

Le St-Laurent verse son sang

Dans l’océan tout blanc

Et les Fous de Bassan sont contents

D’avaler le nord par son haleine

Sous le ciel des flâneurs

Qui lambinaient dur

Au sud, à l’Île Bonaventure

Là où le vent

Ne sera toujours

Que la caresse du temps

S’envolant vers la ‘trail à lièvres’

Des Éboulements à Natashquan



Poème de Julien Hoquet
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Les quatre saisons du corps

le frisson profond, près des berges,
sous l’écran des grands arbres,

remparts muets de l’épaisse forêt


                        comme autrefois
dans le courant  glacé du gave
ou, à ses abords broussailleux,
dans les eaux mortes de l’hiver


          les quatre saisons du corps,
dans le passage de l’ombre à la lumière,
de ces eaux froides aux eaux tièdes
plus au large, ou aux eaux chaudes
des plages alanguies, sur l’autre bord,

auprès des terres nues, sans mystère

et la brûlure du soleil sur la poitrine
et le visage, l’éblouissement brutal,
dans un dos crawlé lent, mesuré
qui déplace à peine les lignes du lac,


d’un lac comme tant d’autres lacs,


à l’orée de ces bois


                    dont les rêves sont faits *




* « Le bois dont les rêves sont faits », film de Claire Simon 



Poème de Jped
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