Deux poids et deux mesures

De l’argent pour les uns,

Des armes, du soutien,

Pour les autres la tombe

Ou l’exode forcé ;

Et des poignées de main

Entre grands de ce monde

Pour se congratuler.

Un deux poids deux mesures,

Dans toute l’abjection

De sa déloyauté ;

Tremplin pour ceux qui ont

La funeste mission

De diviser le monde

Pour mieux le dominer.

Et l’on voudrait nous faire

Avaler des vipères ;

Mais pour qui nous prend-on ?

Perdrions-nous la tête,

Nous qui, sans réflexion,

Protestions à peine

Devant ces trahisons

Dénonçant du bout des lèvres

Les terroristes prétextes

Justifiant des actions

Qui outrepassent les droits ;

Prévisibles exactions

De ceux qui, sans une gêne,

Se croient au-dessus des lois.

Entre ceux qui les soutiennent

Et ceux qui les laissent faire

Par bêtise ou corruption,

Faiblesse ou compromission

Pour « assurer ses arrières »

Ou manque de compassion,

La frontière est bien légère.

Braves gens, rendormez-vous,

D’autres se chargent de tout ;

Préparant ouvertement,

Un monde de servitude

De lâcheté, de parjures

Et de grands renoncements.

Douleur aiguë

Douleur aiguë dans la poitrine,

Dans la bouche un goût métallique,

Les larmes qui brûlent les yeux

Regard perdu, regard hagard,

Comme pris dans le jeu des phares

D’une réalité sordide…

Comment ne pas être alarmé

Quand on voit le monde tourner

Comme une toupie désaxée ?

Comment garder la confiance,

La foi en notre humanité,

Quand on voit cette indifférence

Mondialement assumée ?

Peut-on décemment tolérer

Que l’on feigne ainsi d’ignorer

Tant de drames amoncelés,

Comme si rien ne se passait ?

Tout me blesse

Tout m’agresse et tout me blesse,

Mal au cœur et à la tête,

La nausée au bord des lèvres…

Mais qu’avons-nous laissé faire ?

Tout m’agresse et tout me blesse,

Le silence ou l’allégresse,

L’indifférence ou la haine ;

Les ruses politiciennes

Tout m’agresse, tout me blesse ;

Saluerons-nous la prouesse

De s’en nettoyer les mains

Tout en laissant l’impensable

Se reproduire sans fin ?

Tout m’agresse, tout me blesse ;

La fourberie, la bassesse ;

Circulez, y’a rien à voir !

Gardez les yeux dans le noir,

Et la tête dans le sable

Bouchez-vous bien les oreilles ;

Laissez votre âme au vestiaire

Et vos doutes au placard,

N’écoutez plus votre cœur !

Tout m’indigne et tout m’écœure.

Des bombes tombent du ciel

Des bombes tombent du ciel,

La colombe éploie ses ailes

Et choit, touchée en plein vol,

Perles grenat sur le col

Après des mois d’impuissance

De privations, de souffrance,

Ce pacifique symbole

Gît, abattu sur son sol

L’espoir se change en stupeur ;

Long cortège de douleur

Pour accompagner ce deuil :

La valise ou le cercueil

Des bombes tombent du ciel,

La colombe éploie ses ailes

Et choit, touchée en plein cœur,

Trou béant noyé de pleurs.

Neuf mois pour se préparer

Neuf mois qu’ils se préparaient

Sous les yeux du monde entier,

Juste à la barbe et au nez

De groupes d’observateurs

Venus juste constater,

Et de ces commentateurs

Prêts à tout minimiser

Voulant nous persuader

Qu’en s’armant de tolérance

L’on recouvrerait la paix ;

Indifférents à l’enfance

Scandaleusement parquée

Et aux innocents bébés

Ouvrant les yeux sur un monde

Dont les règles sont faussées.

Neuf mois de préparation,

Improbable gestation,

Où l’on regardait ailleurs ;

Quelques paroles, des fleurs,

Pour conjurer le malheur,

Se donnant bonne conscience

Sans se mouiller par ailleurs.

Neuf mois à les provoquer,

Persécuter, affamer ;

Neuf longs mois à nous narguer,

Forts de cette impunité

Leur laissant la liberté

De commettre leurs forfaits

Sans jamais être arrêtés.

N’est-ce pas ce qu’ils voulaient ?

Prendre le pouls de ce monde,

S’avançant toujours plus loin

Puisqu’on ne leur disait rien ;

Mettant un peuple à genoux,

Brebis cernées par des loups,

Avant de le piétiner

À l’heure de la curée.