Cet enfant dans le métro
Qui se tient près de sa mère
M’observe sans dire un mot
Tandis que ses yeux s’éclairent
Cet enfant qui me regarde,
Dans la rame surchargée,
A capturé mon regard
Et ne l’a jamais quitté
Ce garçon à la peau noire
Et au regard si profond
S’est noyé dans mon regard
Comme dans un puits sans fond
Cet enfant qui m’attendrit
Me regarde sans détour
Et me rendant mon sourire,
Ses yeux sourient à leur tour
Cet enfant qui me sourit,
Cerné par des corps serrés
Agglutinés à la barre,
Reste debout sans bouger,
Accroché à mon regard
Cet enfant qui me fait face
A la candeur d’un agneau,
Et lorsque sa bouche esquisse
L’arrondi de son sourire,
Une lumière paisible
Illumine son visage
Et s’attarde sur sa peau
Cet enfant aux yeux de jais
Peut-être âgé de sept ans,
Me sourit sans se lasser,
Rivant sur moi ses pupilles
De charbon de bois brûlant
Cet enfant aux yeux si doux,
Au minois si délicat,
Porte telle une évidence
L’innocence de l’enfance,
Celle qui ne trompe pas,
Et libère tout à coup
Le plus secret des passages,
Celui qui conduit à l’âme,
Et que l’on ne cherchait pas.
Ce soir dans la foule dense
Rayonnait une présence.
Souriez si ça vous chante,
Croyez-le si ça vous tente ;
Ce soir, j’ai croisé un ange.