Ferme les yeux, petit

– 24 avril 1915 –
 
Ferme les yeux, petit,
Il y a des récits
Plus glaçants que des cris
Et beaucoup trop d’horreurs
Qui font saigner le cœur
 
Ferme les yeux, petit,
Pour ne pas regarder
Ce qu’ont dû endurer
Ces hommes et ces femmes,
Ces enfants, ces bébés
 
Ferme les yeux, petit,
Ce qui est innommable
Ne peut recommencer ;
On a tourné la page,
Le livre est refermé.
 
Ouvre les yeux, petit,
C’est le sang de ce peuple
Qui coule dans tes veines,
C’est le sang de tes sœurs
Qui rougit la rivière
 
Ouvre les yeux, petit,
DZer tatik yev mayrik,
DZer papik yev hayrik *
Ont fait partie peut-être
De ce million d’ancêtres
 
Ouvre les yeux, petit,
Sur les photos d’archives
Du premier génocide,
Car hélas les coupables
Ont « perdu la mémoire »
 
Ouvre les yeux, petit,
Les années ont passé
Mais tu es toujours là ;
Ton drapeau pour flotter
A besoin de tes bras
 
Ouvre les yeux, petit,
Il n’y a pas de paix.
L’histoire se répète
À deux pas des frontières
Que l’on vous a laissées…

                                                                          * Ta grand-mère et ta mère,
                                                                             Ton grand-père et ton père


« 24 avril 1915 » Encre de Chine sur papier – 12 x 21 cm
Croquis du peintre Hovhannès Haroutiounian

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