Mais après la stupeur de ces mois de chaos,
Ces jeunes sacrifiés dans la force de l’âge,
Ces tombes alignées, la souffrance en écho,
Ces êtres arrachés à leur terre natale,
Ces foyers dévastés, ces prisonniers-otages,
Ces lieux de chrétienté, mêlés aux paysages,
Laissés à l’ennemi par la force des armes ;
Comme si l’on pouvait abandonner son âme
Sans nourrir la colère et le ressentiment
Qui referont surface quand viendra le moment
Tous ces points épineux qui ne sont pas réglés ;
Ces agressions sans fin que l’on ne peut nier ;
Ces intérêts mesquins des nations alliées…
Peut-on continuer à faire comme si
Rien ne s’était passé au sein de l’Arménie ?
Je garde au fond du cœur, lancinante et amère,
Cette douleur secrète qui ne peut s’estomper ;
Comme une plaie qui saigne ne peut cicatriser
Dès lors que l’on revient toujours la raviver.