Sur le Mont-Valérien

– À Missak Manouchian, à sa femme Mélinée et à tous les Résistants

qui ensemble ont œuvré pour l’honneur de la France –

Sur le Mont-Valérien il n’y a plus de givre

Quatre-vingts ans séparent hier et aujourd’hui

Mais vos cœurs amoureux battent à l’infini ;

Vous auriez tant aimé goûter la joie de vivre

Le plus longtemps possible s’il vous l’était permis,

Vous qui avez chéri le soleil et la vie

Les regarder en face est un état d’esprit

Pour lequel vous avez payé un lourd tribut.

Quand tomba la sentence de peine capitale

S’est figé votre sang dans un noir sidéral ;

L’adieu à l’existence s’est fait le jour venu

Partisans, camarades, étiez jugés coupables

D’avoir su résister au milieu de la nuit ;

Quand les mots des poèmes butent sur tant de drames

Les poètes parfois doivent prendre les armes

Et pour la Liberté tout risquer sans déni

Missak et Mélinée, l’ombre bleue d’Ararat

Par-delà le tombeau garde vos fières âmes ;

Nous sommes les enfants nés de votre courage

Et les petits-enfants dont l’exemple transmis

Accompagne les jours et inspire les vies

Quatre-vingts ans après, mais qu’est-ce que le temps,

Quand on a comme vous toute l’éternité

Pour éveiller un monde qui n’a plus d’alibi,

Mais reste encore aveugle et sourd aux artifices

Que les tyrans emploient pour nous rendre complices

De leur ignominie et de leur lâcheté

Sur le Mont-Valérien qui n’est plus blanc de givre

Vos actions héroïques résonneront longtemps

Mais pour l’heur il est temps de célébrer l’instant.

Saluons cet hommage que la nation vous rend :

La justice est venue sous vos pas triomphants*…

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