Jusqu’à soi

Arrête d’acheter,
De courir, de parler
Si c’est pour ne rien dire,

Arrête d’écouter,
Les mots sans intérêt
Et prends le temps de vivre.

Range tes écouteurs,
Éteins l’ordinateur
L’iphone et la télé,

Commence par marcher,
Apprivoise ta peur,
Détends-toi et respire !

Ferme un instant les yeux,
Perçois au fond de toi
Le rythme de ton cœur,

Ton corps qui tremble un peu
Et ton âme qui vibre,
Ta chanson intérieure.

Songe à notre Univers
Et sens-toi l’élément
Participant au tout,

Le temps tourne sa roue
Et ne s’étirera
Pas plus qu’il ne le doit.

Regarde autour de toi,
Savoure cette vie
Qu’on te donne en cadeau,

Écoute le silence,
Le clapotis de l’eau
Ou le chant des oiseaux…

Tu as déjà franchi
La première des marches
Qui mènent jusqu’à soi,

En ayant fait ce pas
Tu pourras ressentir
Une indicible joie.

Va vers ce qui t’anime,
Ce qui te rend unique
Et t’inspire ici-bas,

Rassemble ton courage
Tes rêves, tes espoirs,
Lance-toi, n’attends pas.

Après ça tu pourras,
Poursuivant l’expérience,
Te tourner vers autrui

Et agir en conscience
Avec la bienveillance
Qui sied aux gens instruits.

Arménie, 8 mai 2018

Qui n’a pas rêvé que son peuple

Prenne un jour son destin en main,

Et décide de tout changer,

De bousculer l’ordre établi,

Figé dans l’immobilité

Depuis de trop longues années ?


Il a fallu qu’il sorte enfin

La tête haute et le cœur fier,

Fort de ses belles convictions,

Pour que l’on puisse imaginer

Un changement de société,

Que le temps de la corruption

Mêlée aux inégalités

Avait soudain assez duré.


Alors s’est mise en marche cette population,

Des hommes de tous âges, des femmes et des enfants

Dans un déferlement calme et résolument

Pacifique et discipliné,

Une marée humaine, joyeuse et fraternelle,

Réclamant qu’on entende ses revendications

Que personne, au sommet de l’état contesté,

N’avait vu arriver

Et que rien semble-t-il ne pouvait arrêter.

Portés par le désir ardent

De changer leur gouvernement

Et que de nouveaux dirigeants

Écoutent leurs aspirations,

Ils sont descendus dans les rues

Ils ont soulevé leur nation,

Ils ont montré leur cohésion,

Leur détermination profonde.

Puis ils ont convergé vers ce lieu symbolique,

Si justement nommé Place de la République.

Là, dignes et décidés, ils se sont rassemblés,

Exprimant clairement cette nécessité

De pouvoir prendre en compte leur propre volonté,

Et ce sursaut vital s’est vite propagé

Dans le cœur éprouvé des familles exilées,

Largement dispersées autour du monde entier.

Leurs yeux se sont braqués sur ce qui se passait

Dans ce pays aimé d’Asie occidentale

Luttant pour qu’aboutissent la justice sociale

L’égalité des droits, la liberté durable…

Suspendus aux nouvelles et retenant leur souffle

Ils ont suivi, inquiets, les tensions et les doutes

Ressentis par la foule, avant que l’optimisme

Ne soit au goût du jour, laissant place à la liesse

Et l’espoir que paraisse un avenir plus doux.

Ainsi s’est engagée cette révolution,

Appelée « de Velours », pour s’être déroulée

Sans avoir à verser une goutte de sang

De ces milliers de gens venus manifester,

Dans l’Arménie marquée du sanglant génocide

Qui l’a traumatisée durant plus de cent ans.

Je voudrais aujourd’hui saluer leur prouesse

Car parmi tous les peuples qui se sont révoltés,

Combien peuvent en dire autant ?

Le Petit Prince est arrivé

Quand le Petit Prince a quitté
Son étoile pour explorer
Cette planète appelée Terre,
Il ne pensait pas y trouver
Si peu de générosité,
Et ça l’a beaucoup attristé.
 
Arrivé dans la capitale,
Il a lentement traversé
Avenues et rues désertées,
Observant sans rien négliger
Cette ville monumentale
Où ses pas l’avaient dirigé.
 
Il n’y avait ni champ de blé
Ni rose sur aucun rosier,
Pas de volcan à ramoner
De renard à apprivoiser,
Ni mécano pour dessiner
Son mouton sur quelque carnet.
 
Paris était vide et austère.
Quelques âmes abandonnées
Couraient – vers quelle destinée ? –
Préoccupées par leurs affaires…
Seul un peintre en son atelier
Enseignait l’art à ses élèves ;
 
Il l’invita à s’installer
Afin d’évoquer les sujets
Qui lui brûlaient déjà les lèvres,
Échangeant ses questionnements
Contre les fruits de l’expérience
Pour mieux comprendre l’existence,
Tant il avait à cœur d’apprendre
Et parfaire ses connaissances.
 
Quittant cet endroit à regret,
Riche des idées partagées,
Il écarquilla, consterné,
Ses beaux yeux au regard si tendre,
Affligé par ce qu’il voyait
Parmi ces êtres égarés
Dont la vie n’avait pas de sens ;
 
Perdue en manèges futiles,
Sans réelle cause à défendre,
Sans qu’un amour ne la transcende
Ou qu’elle soit illuminée
Par une profonde amitié
Qui embellisse l’existence…
 
Étonné, il s’interrogeait
Sur notre insatiable appétit
De trop terre à terre envies,
Sachant que ce qui est précieux
Est invisible pour les yeux,
L’essentiel n’a pas de prix ;
Il ne s’achète ni ne se vole
Mais il se construit et se donne
 
Car au plus profond de nos âmes,
La seule raison qui vaille
Vraiment l’effort d’exister,
C’est de rechercher sans cesse,
Entre les mots et les gestes
L’éclat de la vérité,
Guidant malgré la faiblesse
D’un manque de clairvoyance
Nos humaines espérances.


Hommage à Antoine de Saint-Exupéry et à son admirable Petit Prince.

Dans la cour de la maternelle

Dans la cour de la maternelle
S’amuse une poignée d’enfants,
Des calmes aux plus turbulents.

Il y a ceux qui obtempèrent
Ceux qui ne se laissent pas faire,
Les rêveurs et les solitaires,
Les futés, les boucs émissaires

Ceux qui « rapportent » à la maîtresse,
Les crâneurs et les grands timides
Les querelleurs et les craintifs,
Les pacifiques, les cruels

Ceux qui jouent aux petits caïds,
Ceux qui se satisfont des miettes,
Ceux qui préfèrent s’afficher
Au côté des plus « populaires »

Quand les gamins plus « ordinaires »
Suivent peu à peu leur chemin
Sans trop s’évertuer à plaire
Ni vouloir nuire à leur prochain…

Dans cette mini société
Tout semble déjà préparé
Pour qu’en dépit de leur jeunesse
Ils copient sans même y penser
Les irrépressibles travers
Que leur ont transmis leurs aînés.

Qui demain brisera ce cercle
Bien plus vicieux qu’il n’y paraît,
Qui nous écrase, nous oppresse
Et nous asphyxie à moitié,
Rendant leurs lettres de noblesse
À de plus belles qualités ?