Ils se tenaient par la menotte

À peine plus hauts que trois pommes,
Ils se tenaient par la menotte
Ces milliers d’enfants rescapés
D’un effroyable génocide
Implacablement planifié ;

Marée humaine de bambins
Frappés par la folie des hommes,
Ces survivants de l’indicible
De père et de mère orphelins,
Privés d’enfance pour toujours,

Avec la vie pour tout cadeau,
Pour famille quelques photos,
Et le souvenir de l’amour
Qui émanait de leurs parents
Pour les préserver du néant.

Cette épreuve en ferait des êtres,
S’ils n’avaient préféré l’oubli
Pour se protéger d’un enfer
D’insoutenable barbarie,
Prêts à préserver à tout prix
La mémoire du doux pays
Qui avait bercé leurs ancêtres ;

Écrin de foi et de beauté
Aux admirables paysages,
Culturellement raffiné,
Riche d’attachants personnages
Profonds, loyaux et courageux,
À la farouche volonté
De rester libre sous leurs cieux.

Le plus grand orphelinat du monde se situait dans la ville d’Alexandrapol, (Gyumri), au nord-ouest de l’Arménie actuelle, avec plus de vingt mille enfants arméniens ayant perdu leur famille dans le génocide des Arméniens par les Turcs, entre 1915 et 1923.

Il suffit d’un oiseau

Il suffit d’un oiseau chantant dans le feuillage
Pour que mon cœur s’éveille à ce charmant ramage
 
Il suffit d’un soleil, une fleur, un nuage
Pour que mon cœur se perde en doux vagabondages
 
Il suffit d’un tableau, un sourire, une vague
Pour que mon cœur s’éclaire et mon âme divague
 
Il suffit d’un parfum, d’un vaporeux mirage
Pour que mon cœur s’enivre à l’éthéré sillage
 
Il suffit d’un printemps, d’un présent, d’un partage
Pour que mon cœur frémisse à cet heureux présage

Une hirondelle en hiver

– À A. S. –


Ombre rapide et légère,
Sa discrète silhouette
Ne se fait pas remarquer ;
 
Bénévole au cœur fidèle
Elle peint, coud et crochète,
Brode avec raffinement
 
Confectionne avec talent
Des cadeaux pleins de tendresse
Qu’elle offre anonymement.
 
Hirondelle de l’hiver,
Elle éclaire de ses gestes
Le regard de nos aînés
 
Portant aux âmes en peine
Un peu de chaleur humaine
D’attention et de beauté.

Ne changeons rien

Ne changeons rien, ou changeons tout !

La vie est faite de contrastes ;

Mettons du gui dans notre houx

Et de la houle sur l’asphalte.

Oxygénons bien nos cerveaux,

Remanions nos aiguillages ;

Mettons du beau dans nos propos,

De la bonté dans nos sillages.

Mettons du sens dans notre vie,

De l’amour dans nos paysages,

Des idéaux, de l’empathie,

De l’amitié et du partage.

Vibrons d’aimer, fuyons toujours

Les ternes sentiers de l’ennui ;

Mettons du soleil dans nos jours

Et des étoiles dans nos nuits.


Unissons talents et idées,

Soyons fiers d’aller de l’avant ;

Laissons notre âme nous guider

Vers un avenir inspirant.

Pour Anthony

– À Anthony D. –


Anthony tu es parti, avec pour simple bagage
Tes qualités, ton courage, ta volonté de quitter
Les frontières de la France et le confort de la paix
Pour venir aider ces frères luttant pour leur liberté.
 
Anthony tu es parti, avec l’envie d’ajouter
Ta pierre au bel édifice d’une cause légitime,
Afin de te rendre utile et de te mettre au service
D’un peuple tant éprouvé ; après avoir collecté
Avec zèle, diligence, loyauté et prévoyance
Tous ces produits garantis de prime nécessité.
 
Anthony tu es parti, fort de toute l’expérience
Vécue durant des années, par ces combats dans l’armée
Dans les lieux les plus hostiles, les assauts les plus risqués…
Ton départ et puis après, ces nouvelles relayées
Par les réseaux internet ou les chaînes corrompues
Qui nous abreuvent d’infos chargées de sous-entendus…
 
Anthony tu es parti, et tant de jours ont passé
Sans recevoir de nouvelles qui viennent réconforter
Ceux qui, n’étant pas au front, ont vu les obus tomber,
Les drones noircir le ciel et le phosphore brûler…
Lors quand la guerre a cessé dans ces conditions suspectes,
Si quelques uns sont rentrés, dont ces jeunes à jamais
Marqués jusque dans leur chair et leur âme dévastées,
Des milliers laissent sous terre leurs dépouilles mutilées.
Trop nombreux sont les absents qui manquent à leurs parents,
À leur pays, à leurs frères, à leur femme, leurs enfants.
 
Anthony tu es parti, et ton silence me pèse,
Que pouvaient tes arts martiaux dans ce sordide contexte ?
Je m’imagine le pire sachant ce qui est commis
À nouveau sur cette terre ; tant de civils humiliés,
De soldats estropiés, fusillés, décapités…
Vous les hommes et les femmes que l’on retient prisonniers
Contre toute humanité, quand va-t-on vous libérer ?
 
Résistez, tenez le coup, car nous sommes près de vous
Et si notre cœur est lourd, notre âme espère toujours.