J’ai repris le chemin

Le jour de la Saint Juste,

Le cœur empli de larmes,

J’ai repris le chemin

De l’autel des prières,

Après deux ans passés

À espérer la fin

De ces hostilités

Devenues quotidiennes

Le jour de la Saint Juste,

J’ai voulu ajouter

Ma pierre à l’édifice,

Pour que brûle la flamme

Qui réunit les âmes

Autour de nos prières,

Et que cette neuvaine

Nous redonne l’espoir

Le jour de la Saint Juste,

Après tant de sévices

Et de crimes barbares,

Dans ce lieu préservé

Où l’on s’adresse au ciel,

Me suis agenouillée

Pour toucher l’essentiel

Et que cessent ces drames.

Allons le monde

Allons le monde, on se réveille

On ouvre les yeux, les oreilles

On cesse enfin de se cacher

Derrière un écran de fumée

Allons le monde, on se redresse

On met de côté sa paresse

Pour regarder ce qui se passe

Du côté des sujets qui fâchent

Allons le monde, on se libère

De ces chaînes qui nous entravent,

Pour sortir la tête du sable

Et nous donner le fol espoir

De croire encore en l’âme humaine

Allons le monde, on se dépêche

De répondre à ce SOS

En s’engageant concrètement

Pendant qu’il en est encor temps !

Entendez-vous monter les cris

Des martyrisés d’Arménie ?

La goutte qui fait déborder le vase

Goutte à goutte, l’eau qui goutte

Tombe dans le fond du vase,

Les secondes, les minutes,

Une à une se percutent

Goutte à goutte, l’eau qui goutte

Recouvre le fond du vase,

Et se prolongent les heures

Dans le silence qui pleure

Goutte à goutte, l’eau qui goutte

Remplit peu à peu le vase,

Jour après jour le temps passe

Et nous restons dans l’impasse

Goutte à goutte, l’eau qui goutte

Se répand dans tout le vase ;

Et les semaines s’écoulent

Sur ce monde qui s’écroule

Goutte à goutte, l’eau qui goutte

Baigne leurs pierres tombales,

Rythmant le vide abyssal,

Et l’eau déborde du vase.

Amis, si nous voulions

– À tous les Arméniens d’Artsakh, d’Arménie et de la diaspora

et à tous ceux qui les soutiennent. –


Amis, si nous voulions

Être unis pour de bon

Et entrer dans la danse ;

Nous sommes des millions

En France et dans le monde

Sans doute nous pourrions

Par cette immense ronde

Peser dans la balance,

Bien mieux que ne le font

Tant de représentants

Qui parlent en nos noms

Qui s’écoutent, se vantent

Et qui brassent du vent,

Éludant les questions ;

Sourds aux protestations

De ceux qui les dérangent,

Quand le sujet ne souffre

Aucune hésitation

Nos prières, nos larmes,

Notre désespérance,

Nos appels au secours,

Nos cris d’indignation,

N’auraient pas été vains

Si l’on pouvait demain

Marcher main dans la main

L’espoir refleurirait

Autour des champs de tombes,

Partout où se morfondent

Les êtres sacrifiés

Au nom des intérêts

Des puissants de ce monde

Qui font, c’est révoltant,

La pluie et le beau temps.

Mes larmes ne suffiront pas


– Ce poème est dédié à Anoush Apétyan, Gayané Abgaryan, Susanna Grigoryan,

ainsi qu’à toutes les victimes de la barbarie azérie… –



Mes larmes ne suffiront pas,

Ni mon dégoût, ni ma colère

Pour empêcher ce qui se joue

Sur cette terre qui m’est chère

Mes larmes ne suffiront pas,

Ni mes lettres, ni mes poèmes

Pour alerter d’autres que moi

Qui, haut placés, pourraient bien faire

Que l’impunité ne soit pas

Permise à tous ces criminels

Se plaçant au-dessus des lois

Mes larmes ne suffiront pas,

Et par moment je désespère

De voir bafoués tous ces Droits

Dont on s’enorgueillit sans cesse ;

Ces valeurs-phares que l’Europe

A prônées pendant des semaines

Quand il s’agissait de l’Ukraine

Et que l’on détourne déjà

Mes larmes ne suffiront pas,

Ni mes appels, ni mes prières,

Même en remuant ciel et terre

Pour que l’horreur ne survint pas,

Puisqu’on ne revient en arrière ;

Le monde est sourd à la détresse

D’un peuple debout qui se bat,

Et semble aveugle à la menace

Qui plane au-dessus de nos têtes

Mes larmes ne suffiront pas,

Et chacun doit être conscient

Que c’est en cédant aux tyrans

Que l’on s’avilit pour de bon ;

Soyons, de toutes les nations,

Déterminés et solidaires,

Soyons loyaux et exemplaires,

Et pour nos amis tenons bon !

Mes larmes ne suffiront pas,

Mais chacun peut à sa manière

Mettre à l’édifice sa pierre ;

En restant droit, libre et tenace

Afin que justice se fasse

Et que la paix ne soit pas vaine.