Elle était

– À Lola, et à toutes celles et ceux dont l’innocence a été sacrifiée… –


Elle était le soleil

Quand ses cheveux de miel

Brillaient tout doucement

Elle était la rivière

Quand son regard bleu clair

Devenait transparent

Elle était l’hirondelle

Qui pouvait d’un coup d’aile

Apporter le printemps

Elle était l’étincelle

De joie dans les prunelles

Des yeux de ses parents

Elle était la jeunesse

Qui chante à la fenêtre

Du haut de ses douze ans

Elle avait tant de rêves,

Et la vie devant elle

Quand elle la croisa

Cette réalité

Sans limite et sans trêve

Qui ne pardonne pas.

J’ai repris le chemin

Le jour de la Saint Juste,

Le cœur empli de larmes,

J’ai repris le chemin

De l’autel des prières,

Après deux ans passés

À espérer la fin

De ces hostilités

Devenues quotidiennes

Le jour de la Saint Juste,

J’ai voulu ajouter

Ma pierre à l’édifice,

Pour que brûle la flamme

Qui réunit les âmes

Autour de nos prières,

Et que cette neuvaine

Nous redonne l’espoir

Le jour de la Saint Juste,

Après tant de sévices

Et de crimes barbares,

Dans ce lieu préservé

Où l’on s’adresse au ciel,

Me suis agenouillée

Pour toucher l’essentiel

Et que cessent ces drames.

Allons le monde

Allons le monde, on se réveille

On ouvre les yeux, les oreilles

On cesse enfin de se cacher

Derrière un écran de fumée

Allons le monde, on se redresse

On met de côté sa paresse

Pour regarder ce qui se passe

Du côté des sujets qui fâchent

Allons le monde, on se libère

De ces chaînes qui nous entravent,

Pour sortir la tête du sable

Et nous donner le fol espoir

De croire encore en l’âme humaine

Allons le monde, on se dépêche

De répondre à ce SOS

En s’engageant concrètement

Pendant qu’il en est encor temps !

Entendez-vous monter les cris

Des martyrisés d’Arménie ?

La goutte qui fait déborder le vase

Goutte à goutte, l’eau qui goutte

Tombe dans le fond du vase,

Les secondes, les minutes,

Une à une se percutent

Goutte à goutte, l’eau qui goutte

Recouvre le fond du vase,

Et se prolongent les heures

Dans le silence qui pleure

Goutte à goutte, l’eau qui goutte

Remplit peu à peu le vase,

Jour après jour le temps passe

Et nous restons dans l’impasse

Goutte à goutte, l’eau qui goutte

Se répand dans tout le vase ;

Et les semaines s’écoulent

Sur ce monde qui s’écroule

Goutte à goutte, l’eau qui goutte

Baigne leurs pierres tombales,

Rythmant le vide abyssal,

Et l’eau déborde du vase.

Amis, si nous voulions

– À tous les Arméniens d’Artsakh, d’Arménie et de la diaspora

et à tous ceux qui les soutiennent. –


Amis, si nous voulions

Être unis pour de bon

Et entrer dans la danse ;

Nous sommes des millions

En France et dans le monde

Sans doute nous pourrions

Par cette immense ronde

Peser dans la balance,

Bien mieux que ne le font

Tant de représentants

Qui parlent en nos noms

Qui s’écoutent, se vantent

Et qui brassent du vent,

Éludant les questions ;

Sourds aux protestations

De ceux qui les dérangent,

Quand le sujet ne souffre

Aucune hésitation

Nos prières, nos larmes,

Notre désespérance,

Nos appels au secours,

Nos cris d’indignation,

N’auraient pas été vains

Si l’on pouvait demain

Marcher main dans la main

L’espoir refleurirait

Autour des champs de tombes,

Partout où se morfondent

Les êtres sacrifiés

Au nom des intérêts

Des puissants de ce monde

Qui font, c’est révoltant,

La pluie et le beau temps.