Leurre

Croyaient-ils vraiment
En une guerre éclair ?
Croyaient-ils qu’il faudrait
Un seul jour pour la faire ?
Croyaient-ils que Saddam
Était assez cinglé
Pour laisser tous ses œufs
Dans un même panier ?

Quel triomphalisme
Par trop prématuré,
Quelle naïveté
De la part d’un pays
Qui se croit détenteur
Des plus nobles valeurs
Et se veut justicier…
Dans un monde où la paix
Est sans cesse bradée
Au profit d’intérêts
Plus ou moins justifiés.

Mais prend-on bien en compte
L’ensemble des données ?
A-t-on tout oublié
Des inégalités
que nos propres excès
Ont pu favoriser ?!

Si l’Amérique croit
Quelle sortira grandie
De ce triste conflit
Où l’immaturité
Se heurte à la bêtise…
Les semaines à venir
Risquent de se charger
De la faire déchanter.

Je garde la hantise
De cette cruauté
Qui va se réveiller…

C’est la guerre

C’est la guerre mon amour
Et nous n’y pouvons rien.
Le temps suspend son vol ;
Les obus jouent le rôle
Moderne du « destin »
Et la vie suit son cours
Comme si de rien n’était,
Mais j’ai le cœur bien lourd.

Des morts, déjà des morts…
Je devrais dire : »Encore » !

Les jeux ne sont pas faits
Mais les cercueils sont prêts ;
Ironique insolence
De cette société
Qui avait dit vouloir
Stopper la surenchère
Des armes nucléaires

Et réduire l’arsenal
Ultra sophistiqué
Qui déjà existait,
Pour qu’un conflit mondial
Ne puisse s’engager
Ou soit moins meurtrier
Que les guerres passées.

Mais les vies humaines
Ne valent pas cher
Face aux intérêts
De plusieurs pays…

On avait dit : « Jamais,
Jamais plus de souffrances
Ni de vies gaspillées ! »
Mais aujourd’hui la paix
A perdu la bataille…
Des larmes ensanglantées
Suivront ses funérailles.

Se peut-il

Se peut-il que demain,
Sur un communiqué,
Le monde soit en guerre
Malgré tous nos souhaits ?!

Se peut-il qu’il y ait
Des gens assez blasés
Pour vouloir une guerre
Et s’en gargariser ?!

Se peut-il qu’au Proche Orient
L’on prône comme sacrées
Les vertus d’une « Guerre Sainte »
Et qu’à mourir ils soient prêts ?!

Se peut-il que « différence »
Ne signifie déjà plus
L’enrichissement mutuel
Qu’elle aurait toujours dû être ?!

Se peut-il que la violence
Gagne sur la tolérance
Et que la haine engendrée
Broie des êtres sans défense ?!

Se peut-il que les gens
Aient à choisir leur camp ;
Que les amis passés,
Ennemis à présent,
Cherchent à s’éliminer ?!

Se peut-il que l’on soit
Déserteur ou planqué
Lorsque l’on ne veut pas
À la guerre se mêler ?!

Se peut-il que les hommes
Soient à ce point bornés
Qu’ils ne puissent tirer
Des leçons du passé ?!

Libertatea

Lourd sera le prix de la paix ;
Des innocents sont massacrés
Les morts se comptent par milliers
Et l’on s’apprête à arroser
Une nouvelle décennie…
À quoi sers-tu, Démocratie,
Si tu te tais ?!

Le monde avance et tremble aussi
À coup de douloureux conflits ;
À Panama, en Colombie,
Au Cambodge comme au Chili,
De Pékin jusqu’en Roumanie,
En Iran et si près d’ici…
Toujours la répression sévit.

Les dictatures ont la peau dure,
D’autant plus que pour réagir
On attend qu’advienne le pire.
Mais à qui profite le crime ?!

À l’Est on démolit le Mur…
Et qui pourrait bien arrêter
Un peuple épris de libertés,
Celles-là mêmes qu’on a fêtées
Aux accents de la Marseillaise,
Avec notre Bicentenaire ?!

Deux cents ans après les succès
De la Révolution Française,
Elle sert toujours de modèle
Aux insurgés du monde entier ;
Quand les persécutés se lèvent
Pour dire : « Assez ! »

Mais l’oppression ne finit pas
Où la révolution s’achève…
Comment résister aux excès
Qui font suite à cette euphorie,
Lorsque tout semble enfin permis
Et que les plus zélés peut-être
Sont ceux qui retournent leur veste ?!

Car après la Victoire
Tout reste à mettre en place
Tout est à décider.
L’ancien régime est aux aguets,
Des éléments incontrôlés
Risquent de déstabiliser
Ces gouvernements provisoires…

Mais qui est préparé
À pouvoir y faire face ?!
Les bonnes volontés
Se lancent dans l’arène
Sans filet.

Et nous qui restons pétrifiés
Devant nos postes de télé,
S’il faut que nos enfants soient fiers
Du patrimoine qu’on leur laisse,
Il est temps de se secouer !
Choisissons d’être acteurs
Plutôt que spectateurs !!!

Il reste encore tant à faire,
Peut-on décemment somnoler
Sous les lauriers de nos ancêtres ?!
Prenons garde pourtant ;
Agir activement
Sous-entend de le faire
Avec discernement…

Soyons mieux informés
Soyons plus impliqués
L’Histoire s’écrit sans répit
Avec les encres de nos vies.

Osons nous exprimer
Sur ces sujets brûlants
Qui ne peuvent laisser
Personne indifférent,

Ayons assez de cran
Pour penser autrement
Et retenir les gestes
Avant qu’ils dégénèrent
Et se tâchent de sang,

Soyons facteurs de paix
Et porteurs de lumière,
Et s’il faut se mouiller
Soyons prêts à le faire.

Quand Paris dansait

Quand Paris dansait avec Marianne,
Quand Paris dansait, vous souvenez-vous ?
Quand Paris vibrait sous les barricades,
Quand retentissait le fracas des armes ;
C’est La Carmagnole que l’on apprenait !

Quand Paris chantait avec Marianne,
Quand Paris chantait, vous souvenez-vous ?
Ces hymnes féroces aux refrains guerriers
Qui ouvrent la voie de la liberté
Par des bains de sang systématisés,
Pour des Droits précieux que l’humanité
Voudrait bien ne plus savoir bafoués… ;
C’est le Ça ira que l’on entonnait !

Quand Paris riait avec Marianne,
Non, vous n’allez pas vous en rappeler…
On ne riait pas durant les saccages
Que couvraient les chants révolutionnaires,
Quand tombaient les têtes de ces tortionnaires
Qui avaient laissé le peuple affamé.
Combien de bourreaux, combien de victimes,
Ont connu le fer de la guillotine ?

Siècle des Lumières, vous vous méprenez ;
La pieuvre assassine n’a pas succombé,
Marianne n’est pas encore sauvée !