Sur le quai de Riquet,
Mais qui donc s’en offusque,
Un homme est allongé
Sur un lambeau d’affiche
Représentant le luxe
D’une plage exotique ;
On y voit des palmiers,
La mer aigue-marine,
Un ciel d’azur profond
Qui rejoint l’horizon…
Sur le quai de Riquet
Un homme est allongé
Sur un lit de fortune.
Il a tiré sur lui
Sa fine couverture
Et dort à poings fermés.
Archives de la catégorie : Réflexions sur la nature humaine
- A bas bruit
- A celles et ceux qui ne peuvent pas écrire
- A vous
- Allons le monde
- Amis, si nous voulions
- Anticipation
- Arménie, 8 mai 2018
- Artsakh
- Au chauffeur de la ligne 7
- Au grand bal des démasqués
- Bonheur d’une rencontre
- C’est la guerre
- C’est un homme qui chante
- Ça suffit !
- Ce que nous en ferons
- Ce qui m’émeut
- Censure
- Cet enfant
- Cette petite flamme
- Chaque petit bienfait
- Contrastes
- Convention
- Cosmonaute
- Dans la cour de la maternelle
- Dans les épreuves
- Dans quel monde vivons-nous
- De rouges camélias
- Debout à vos côtés
- Déluge d’eau et de larmes
- Des bombes tombent du ciel
- Destin
- Deux poids et deux mesures
- Deux-mille-vingt-deux
- Douleur aiguë
- Elle était
- Empathie des cœurs
- Engrenage mortifère
- Equilibre
- Et quand il sera trop tard
- Eternelle Artsakh
- Ferme les yeux, petit
- Fracas et violence
- Grain de sable au tribunal
- Haut-Atlas
- Héritage ancestral
- Il faut vivre
- Il n’est de vérité
- Il neige sur Stepanakert
- Il paraît que c’est l’Avent
- Il suffit d’un oiseau
- Ils se tenaient par la menotte
- J’ai repris le chemin
- J’attendais
- Jusqu’à soi
- L comme
- L’adieu à la mère
- L’Artsakh est à vous
- L’Artsakh ne serait plus
- L’énergie de la vie
- L’espace d’un instant
- La goutte qui fait déborder le vase
- La machine à broyer
- La peste brune
- La vie ne nous épargne pas
- Labyrinthe des ténèbres
- Le jour de la Saint Juste
- Le Petit Prince est arrivé
- Le regard de Karen
- Le répit est fini
- Le Roi s’amuse
- Le temps de l’échange
- Les gens que l’on côtoie
- Les Survivantes
- Leurre
- Libertatea
- Liberté Égalité Fraternité
- Litanie
- Marche pour la planète
- Martiki yerke *
- Merci pour les discours
- Mes larmes ne suffiront pas
- Missak et Mélinée entrent au Panthéon
- Ne changeons rien
- Neuf mois pour se préparer
- Nous n’emporterons rien
- Ombres noires
- Où est passée la joie
- Où sont donc passées les femmes
- Passe-passe
- Petite bulle
- Plus rien
- Pose ta pierre
- Pour Anna
- Pour Anthony
- Pour l’Artsakh
- Pour Olga
- Pourquoi écrire
- Pourquoi le silence
- Premier janvier
- Quand ceux que pourtant vous aimez
- Quand Paris dansait
- Quarante-quatre jours et bien plus…
- Que faisons-nous
- Que ne suis-je colombe
- Que sait-on
- Que sommes-nous
- Quel mal ont-ils commis
- Quelques deux cents prisonniers
- Rendez-vous près de Komitas
- S’il nous reste la vie
- Se peut-il
- Semez des graines !
- Si douce Arménie
- Sonnette d’alarme
- Sur le mont Valérien
- Sur le quai de Riquet
- Ta peine
- Tant de vœux
- Terre tremblée
- Tous ces morts
- Tout est là
- Tout me blesse
- Toutes nos blessures
- Trahisons et confidences
- Trésors de synchronicité
- Triste printemps en Colombie
- Tristes échos de Palerme
- Trouver les mots
- Tu leur diras
- Tu parles de ta fin
- Un homme qui chante
- Un jeune garçon veille
- Un jour ordinaire
- Un tel acharnement
- Une âme qui passe
- Une hirondelle en hiver
- Une petite grand-mère
- Viols
- Vivre
- Voilà la situation
- Vous nommez ça comment
L’espace d’un instant
L’espace d’un instant j’ai dû cesser de croire,
J’ai pensé : À quoi bon user tant de mouchoirs ?
A quoi sert la patience quand s’achève l’espoir ?
L’espace d’un instant, j’ai dû perdre de vue
La petite lueur qui brille dans le noir
Et qui guide nos vies lorsque rien ne va plus.
L’espace d’un instant j’ai dû prendre conscience
Qu’il faut bien peu de temps pour que la tolérance
Révèle ses limites et laisse dans notre âme
La pathétique vague de la désespérance.
L’espace d’un instant j’ai dû perdre confiance,
J’ai dû réaliser que tout cela est vain,
Que rien n’est à attendre dans le camp des humains,
Hormis ce jeu de dupes et son triste théâtre.
L’espace d’un instant j’ai regardé les quais,
Les grands rails métalliques placés en contrebas
Et j’ai compris pourquoi certains sautent le pas,
Se jetant sur la voie dans les cailloux noirâtres.
L’espace d’un instant j’ai oublié l’été,
J’ai pensé que peut-être c’était le bon moment,
Que la fin est plus douce qu’une vie de tourments
Et qu’il est plus commode d’en choisir la façon,
Arrêtant pour de bon la ronde des questions…
L’espace d’un instant j’ai pensé aux enfants
Et j’ai arrêté là mes tergiversations.
Cet enfant
Cet enfant dans le métro
Qui se tient près de sa mère
M’observe sans dire un mot
Tandis que ses yeux s’éclairent
Cet enfant qui me regarde,
Dans la rame surchargée,
A capturé mon regard
Et ne l’a jamais quitté
Ce garçon à la peau noire
Et au regard si profond
S’est noyé dans mon regard
Comme dans un puits sans fond
Cet enfant qui m’attendrit
Me regarde sans détour
Et me rendant mon sourire,
Ses yeux sourient à leur tour
Cet enfant qui me sourit,
Cerné par des corps serrés
Agglutinés à la barre,
Reste debout sans bouger,
Accroché à mon regard
Cet enfant qui me fait face
A la candeur d’un agneau,
Et lorsque sa bouche esquisse
L’arrondi de son sourire,
Une lumière paisible
Illumine son visage
Et s’attarde sur sa peau
Cet enfant aux yeux de jais
Peut-être âgé de sept ans,
Me sourit sans se lasser,
Rivant sur moi ses pupilles
De charbon de bois brûlant
Cet enfant aux yeux si doux,
Au minois si délicat,
Porte telle une évidence
L’innocence de l’enfance,
Celle qui ne trompe pas,
Et libère tout à coup
Le plus secret des passages,
Celui qui conduit à l’âme,
Et que l’on ne cherchait pas.
Ce soir dans la foule dense
Rayonnait une présence.
Souriez si ça vous chante,
Croyez-le si ça vous tente ;
Ce soir, j’ai croisé un ange.
Marche pour la planète
Branchages bruns, pétales roses
Feuillages pourpres, fleurs sans épines,
Bouquets harmonieux et graciles
Corolles fraîches à la peau fine,
Aux étamines délicates,
Poétique beauté des arbres
Qui tranche au milieu de la ville.
Aucun insecte à la ronde…
Qui se soucie en ce monde
De l’inadmissible hécatombe
De la biodiversité ?
On manifeste et l’on proteste,
Par centaines ou par milliers…
Mais combien de lanceurs d’alerte
Ont dû prêcher dans le désert
Pendant des dizaines d’années
Avant d’être enfin écoutés ?
Dirigeants et députés,
Citoyens peu concernés,
Il faut faire volte face ;
Cessez de faire des courbettes
À ceux qui voient à court terme,
Ne prenez pas les menaces
Qui pèsent sur notre tête
Avec tant de légèreté,
De passive lâcheté,
Ou ce mépris affiché
Pour ceux qui n’acceptent pas
D’être sauf votre respect,
Menés par le bout du nez.
Voyez l’ampleur du désastre
Et prenez bien la mesure
Des responsabilités
Qui incombent à chacun
Et s’accroissent à mesure
Que l’on va vers le sommet.
Protégeons notre futur,
La Terre souffre et avec elle
C’est toute l’humanité
Qui fatalement chancelle
Et risque de s’effondrer.
Ne soyons donc pas bornés,
Ôtons vite nos œillères,
Sauvons tout ce qui peut l’être,
Chaque minute est comptée.
Ne soyons pas égoïstes
Ni aussi matérialistes,
Rassemblons tous nos amis ;
Demain commence aujourd’hui !
Vivre
Nous sommes-là pour vivre,
Pour vivre intensément tout ce que l’on peut vivre,
Vivre sans redouter cette fin annoncée,
Annoncée peu à peu par le simple déclin
Déclin inéluctable de nos corps périssables
Périssables, pourtant, touchants dans leur espoir,
Leur espoir insensé de pouvoir prolonger
Prolonger vaillamment notre existence brève,
Brève si l’on se fie à l’échelle du temps,
Du temps qui nous ramène à notre place infime
Infime de poussières perdues dans l’univers.
Nous sommes-là pour vivre,
Pour vivre le présent quels qu’en soient les critères,
Les critères trouvés pour pouvoir échapper
Échapper plus souvent à ce quotidien terne,
Terne car dépourvu de spiritualité,
De spiritualité et de beautés terrestres
Terrestres et célestes, et de sentiments vrais,
Vrais pour appréhender la richesse des êtres,
Des êtres de lumière que la vie quelquefois
Quelquefois nous permet de pouvoir approcher,
Approcher, quelle grâce, au détour du chemin
Du chemin emprunté pour devenir Humain.