Vous nommez ça comment

– À ceux qui n’ont pas encore pris la mesure de la catastrophe humanitaire

qui se déroule actuellement en Artsakh


Bloquer durablement l’unique accès terrestre,

Refusant à un peuple le droit universel

De pouvoir circuler librement, sans terreur,

Empêchant des familles de rejoindre les leurs ;

Vous nommez ça comment ?

Supprimer l’arrivage des denrées essentielles ;

Stopper l’importation du ravitaillement

Provoquant pénuries et rationnements,

Laissant les habitants dans un grand dénuement ;

Vous nommez ça comment ?

Les priver d’assistance et de médicaments,

Condamnant des malades à une fin certaine ;

Empêcher les enfants de s’instruire en coupant

Le gaz, le chauffage ou l’électricité,

En plein cœur de l’hiver, avec moins dix degrés ;

Vous nommez ça comment ?

Laisser des prisonniers indûment séquestrés

Se faire torturer plus de deux ans après

Que n’ait été signé ce triste « accord de paix »,

Otages impuissants d’un système vicié ;

Vous nommez ça comment ?

Acheter sans scrupules du gaz aux azéris

En sachant qu’il provient en partie de Russie ;

Leur offrir les honneurs, la considération,

Omettant sciemment toutes leurs exactions ;

Vous nommez ça comment ?

Ne pas intervenir alors qu’on le pourrait ;

Renvoyer dos à dos, agresseurs/agressés,

Pendant que nous vendons des armes sans penser

À ceux qui en seront mortellement frappés ;

Vous nommez ça comment ?

Ne jamais tenir compte des lâchetés passées ;

De ces terres offertes sans autorisation

Par quelque dictateur divisant des nations

Pour asseoir son pouvoir et sa domination,

Menant aux tragédies qui se sont succédé ;

Vous nommez ça comment ?

Il neige sur Stepanakert

– Au peuple d’Artsakh qui résiste avec un courage

et une dignité qui forcent le respect… –


Une myriade de flocons

Comme autant de blancs papillons

Il neige sur Stepanakert

Ce doux manteau panse la terre

Recouvrant les mornes frontières

D’une prison au ciel offerte

Il neige sur Stepanakert

De quoi rêvent les habitants,

Sinon d’une paix essentielle,

Mieux qu’une trêve de Noël

Qui leur fut refusée pourtant


Il neige sur Stepanakert

Debout à vos côtés

– Appel au déblocage du corridor de Latchin, seule route terrestre reliant l’Arménie à l’Artsakh, fermée par l’Azerbaïdjan depuis le 12 décembre 2022, coupant ainsi toute assistance alimentaire, médicale ou autre aux 120 000 arméniens du Haut-Karabakh, dont 30 000 enfants. –



Je me tiendrai debout, toujours à vos côtés,

Pour alerter le monde, la France et les Français,

Sur tout ce qui se joue dans vos chères montagnes

Et ce que vous vivez en ces lieux enclavés ;

Des années à souffrir la terreur ordinaire

Sans que l’on s’en émeuve ou que l’on intervienne

Comme si nous n’étions pas vraiment décidés

À bannir les coupables pour leur indignité

Je me tiendrai debout, toujours à vos côtés,

Pour partager l’espoir de vivre dans la paix,

En communion profonde avec vos cœurs inquiets

D’être laissés pour compte sans raison acceptable

Et joindrai mes pensées à celles de tous ceux

Qui, malgré les obstacles, ne ferment pas les yeux

Sur le peuple d’Artsakh qui subit de plein fouet

Le blocus et la haine, en cette époque instable

Où tout est détourné de son sens véritable.

A bas bruit

– À ceux qui ne voient pas, n’entendent pas, ne parlent pas ; car il ne suffit pas d’ignorer les souffrances d’un peuple pour les faire disparaître…

Merci d’ouvrir les yeux, les oreilles et la bouche pour empêcher le désastre humanitaire qui se prépare en Artsakh et en Arménie, à bas bruit. –



Dans quelle société sommes-nous arrivés

Pour laisser massacrer un peuple sans bouger

Ou si peu, à regret, pour mieux se décharger

D’éventuelles bouffées de culpabilité

Des femmes, des enfants, des vieillards désarmés,

Une génération sous les bombes tombée

Entre armes prohibées et drones assassins

Et ne me dites pas que c’était le destin

Ce qui m’émeut

Et si tout cela m’émeut tant,

Est-ce dû à ce chant poignant

Qui me transporte chaque fois ?

À tes récits, à ton regard,

À l’écho même de ta voix

Qui accompagne mes silences ?

Est-ce dû aux cris de l’Histoire

Qui résonnent dans ma mémoire ;

L’émotion puisée dans ton art ?

Est-ce quelque réminiscence

D’un souvenir, d’une expérience,

Vécus dans une autre existence ?