Neuf mois pour se préparer

Neuf mois qu’ils se préparaient

Sous les yeux du monde entier,

Juste à la barbe et au nez

De groupes d’observateurs

Venus juste constater,

Et de ces commentateurs

Prêts à tout minimiser

Voulant nous persuader

Qu’en s’armant de tolérance

L’on recouvrerait la paix ;

Indifférents à l’enfance

Scandaleusement parquée

Et aux innocents bébés

Ouvrant les yeux sur un monde

Dont les règles sont faussées.

Neuf mois de préparation,

Improbable gestation,

Où l’on regardait ailleurs ;

Quelques paroles, des fleurs,

Pour conjurer le malheur,

Se donnant bonne conscience

Sans se mouiller par ailleurs.

Neuf mois à les provoquer,

Persécuter, affamer ;

Neuf longs mois à nous narguer,

Forts de cette impunité

Leur laissant la liberté

De commettre leurs forfaits

Sans jamais être arrêtés.

N’est-ce pas ce qu’ils voulaient ?

Prendre le pouls de ce monde,

S’avançant toujours plus loin

Puisqu’on ne leur disait rien ;

Mettant un peuple à genoux,

Brebis cernées par des loups,

Avant de le piétiner

À l’heure de la curée.

Et quand il sera trop tard

– À ceux qui ne protestent pas quand ils peuvent le faire… –


Et quand il sera trop tard,

Quand il ne nous restera

Plus que nos yeux pour pleurer,

Que pourrons-nous invoquer ?

Que nous ne le savions pas ?

Que nos journaux préférés

Ou nos chaînes de télé

Ne nous ont pas informés

Ou mal, pourquoi le nier ?

Sujets à peine effleurés,

Avec trop de zones d’ombre

Ou des points de vue biaisés.

Lors, peut-être verrons-nous

Que ces faits dissimulaient,

L’arbre cachant la forêt,

Pots-de-vin et intérêts,

Manœuvres électorales,

Trahissant toute morale

Sous un vernis éhonté

De respectabilité.

Peut-être, encore une fois,

Crierons-nous : « Plus jamais ça ! »,

Décelant les amalgames

Jalonnant ce nouveau drame ;

Ne ressentant pas le poids

De la culpabilité,

Ou tentant de balayer

Nos responsabilités.

Peut-être pleurerons-nous,

De rage ou de repentance,

Devant cette indifférence

Que l’on n’a pas pu briser ;

Peut-être que nos consciences,

Après s’être réveillées,

Éprouveront le regret

De n’avoir su protéger

Cette part d’humanité,

Fondement de l’existence,

Marquant notre appartenance

À un monde évolué.

Haut-Atlas

Haut-Atlas, lieux sinistrés,

Éboulements en cascade,

Gravats de briques cassées

Entassés de tous côtés

Matériaux enchevêtrés,

Ciment, pierres et pisé,

Terres ocres, sable d’or ;

Habitations écroulées

Sur ceux qui dormaient encor

Haut-Atlas, terre éprouvée,

Peuple endeuillé, plaies amères,

Murs qui tombent en poussière,

Villages pulvérisés

Vies réduites à néant

D’infortunés survivants,

Car toujours les gens modestes

Sont frappés plus durement.

Déferlement de dépêches

Provenant du monde entier ;

Programmes humanitaires

Pour acheminer l’entraide,

Cheval de Troyes avancé.

Entre l’offre et la demande

De secours face à l’urgence,

Vient le choix des gouvernants ;

La main tendue de la France

Ne sera pas acceptée.


« La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit. »

Sonnette d’alarme

– Aux Arméniens d’Artsakh, sous blocus azéri depuis le 12-12-2022, soit plus de 7 mois…

Et à tous ceux dont les droits élémentaires sont niés –


Blocus interminable, familles séparées

Enserrées par l’étau de ces forces armées

Qui étranglent un peuple piégé de tous côtés ;

L’enfance qui s’étiole entre des barbelés.

Tant de mois affamés, séquestrés sur leur terre,

Sans qu’une action concrète ne vienne condamner

De tels agissements qui pourtant sont contraires

À bien des règlements que l’on a promulgués.

Les droits des prisonniers sans cesse bafoués,

Équité reléguée au fond des oubliettes,

Qu’attendons-nous enfin pour tirer la sonnette

D’alarme qui prévient que l’on a dépassé

La limite acceptable de ces brutalités ?

Trop peu de gens debout contre cette infamie,

De voix criant « Assez ! », tournées vers l’Arménie,

Et l’Artsakh opprimée sous le joug ennemi,

Poursuivant l’héroïque lutte pour sa survie.

Trop peu pour dénoncer ces procédés iniques,

Ces contrats criminels que sans honte l’on signe

Mais dont nous paierons tous l’exorbitant tribut ;

Infractions à nos lois et vils coups de canif

Aux valeurs que nos âmes, éprises d’absolu,

S’entêtent à défendre, probes et résolues.

Tristes échos de Palerme

– À Élio –

Votre voix dans un souffle, à l’autre bout du fil,

Partageant son vécu à l’oreille attentive

D’une illustre inconnue par le biais incertain

D’une conversation sincère et empathique

Qui déborde soudain du cadre juridique

Où elle s’inscrivait, sous l’étonnant instinct

De deux êtres liés par le désir commun

De plaider pour un monde un peu moins inhumain.

Besoin irrépressible de transmettre à autrui

Le chagrin permanent d’une âme dévastée,

Accablée d’assister à l’odieuse agonie

D’un peuple prisonnier d’une terre meurtrie

Qui laisse un goût amer à ceux qui sont partis,

Pour vivre décemment dans quelque autre pays.

Tragiques confidences, douloureuses suppliques,

Flot ininterrompu d’observations sinistres,

Courant impétueux où tout à coup jaillissent

Des tourbillons de peur et des vagues de crimes

Qui vous serrent la gorge, broient votre âme sensible.

Fausse démocratie, meurtres sans sommation,

Des années de misère et de renoncement ;

Bilan désespérant d’élus de la nation

S’étant désengagés de leur noble mission,

Laissant les habitants dans un tel abandon

Qu’il en est pathétique, comparé au prestige

De tous ces monuments bâtis avec talent ;

Culture mémorable, remarquables vestiges

Recelant le trésor de ces chefs-d’œuvre antiques ;

Intemporelle manne réservée aux puissants.

Un lugubre tableau dépeignant la Sicile,

Et plus encor Palerme où votre cœur réside,

En raison de la pègre asservissant cette île

Dont la population reste prise pour cible,

Livrée à la mafia qui corrompt et trucide

Sans aucun état d’âme qui veut sortir du rang

Et règne sans partage par ses crimes de sang.