Les survivantes

[Après le film Les Survivantes, réalisé par Pierre Barnérias en mai 2024]

– À ma sœur –

Les survivantes nous engagent

Par l’exemple de leur courage,

Luttant contre l’indifférence

En se refusant au silence,

Après des années de souffrance,

À ne jamais baisser la garde.

Les survivantes nous confirment

L’importance de ce fléau ;

Ayant vécu dans ces réseaux

Qui sacrifient des innocents,

En déployant mondialement

L’ombre sournoise de Satan.

Les survivantes nous invitent,

En partageant leur témoignage,

À surmonter notre aversion

Pour ces degrés de perversion

Qui dépassent l’entendement,

Pour que des mesures soient prises.

Les survivantes nous enseignent,

Quand la mémoire se réveille,

Quel que soit le temps que ça prend,

Que l’on peut sortir de l’enfer

Et que l’amour est plus puissant

Que tous les démons de la Terre

Qu’il nous faut combattre pourtant.


Remerciements à tous les lanceurs d’alerte, et particulièrement à Karl Zéro pour le temps, l’énergie, et la détermination mis au service de la cause des enfants victimes de ces réseaux pédocriminels.

Un long chemin

Il est long le chemin

Qui mène de l’enfance

À l’âge où l’on apprend

Les rouages du monde ;

L’âge où nous comprenons,

Et les bras nous en tombent,

La noirceur de certains,

À bien des échelons.

Devant l’amer bilan,

Parmi les faux semblants

D’un règne qui nous plombe,

Comment rester fidèle

Aux vertus qui nous fondent ?

Comment se diriger, à travers le néant,

Vers ce qui nous appelle,

Loin des sables mouvants,

Vers des temps différents ?

Un tel acharnement

– Le grand cimetière de Djoulfa (en arménien : Ջուղայի գերեզման ) était l’un des plus prestigieux sites du Nakhitchevan, territoire arménien occupé par l’Azerbaïdjan. Il était constitué de 10 000 stèles funéraires, khatchkars (pierres à croix) typiques de l’art arménien, finement taillées et sculptées, dont certaines dataient du VIe siècle.

Il fut complètement rasé, aux yeux de tous et sur une période de 7 ans, pour servir de champ de tir aux militaires azéris.–

Un tel acharnement à nier l’évidence,

Refusant l’existence des premiers habitants,

Relève assurément d’un abus de puissance

Et d’un négationnisme cynique et galopant

Un tel acharnement à nier la présence

D’un peuple ayant laissé d’abondants témoignages

De sa riche culture à l’inspirant sillage

Est indigne de ceux la contestant pourtant

Effacer toute trace des anciens occupants

Détruisant une à une chaque preuve éclatante

Pour mieux s’approprier les lieux illégitimes

Que l’on veut posséder jusqu’à leur origine

Effacer toute trace, quitte à exterminer

Bien des témoins gênants de ce crime avéré

Afin de s’ériger en chef omnipotent

De foules perfusées aux discours mensongers

Effacer toute trace de cette identité,

Qui partout refleurit et vous regarde en face ;

Se forgeant une armure d’insensibilité,

Se pensant protégé sous cette carapace

Effacer toute trace, en toute impunité,

À la barbe et au nez des nations aveuglées

Soucieuses avant tout de pouvoir ménager

Leurs intérêts présents et futurs alliés



« Une liste incomplète des monuments arméniens du Nakhitchévan, établie par Argam Ayvazian, un érudit arménien, fait état de 310 monuments dédiés au culte (monastères, églises, chapelles), dont 221 ont été détruits entre le XIXe siècle et la seconde guerre mondiale ; 41 châteaux et forteresses ; 26 ponts ; 86 pôles d’habitat rural et urbain ; 89 cimetières comptant environ 23 000 pierres tombales ; 5480 stèles à croix, ainsi que 115 divers autres monuments arméniens. Ce patrimoine couvre une période allant du Ve au XXe siècle.

Lorsqu’Argam Ayvazian entreprend ses voyages d’exploration, il ne reste plus que 89 monuments chrétiens, encore debout ou en ruines, tous désaffectés. Il a pu en photographier 78. Ces monuments ont continué de faire l’objet de dégradations jusqu’à leur destruction complète et planifiée, pratiquée à l’explosif, au bulldozer ou à la masse par l’Azerbaïdjan entre 1998 et 2006.

Il ne reste aujourd’hui plus aucune trace de la présence arménienne au Nakhitchévan. »

Bibliothèque numérique de Lyon

Où sont donc passées les femmes

Où sont donc passées les femmes

Et les fillettes afghanes

Qui brillent par leur absence,

Prisonnières du silence

Au sein d’une société

Où règne en maître le mâle ;

Sans instruction ni métier

À librement exercer

Condamnées sans jugement

À l’invisibilité

Par la loi des talibans

Si durement observée.

Plus de danse, de musique,

De loisirs ni de sorties ;

Privées de vie et d’histoire ;

Plus de droits, mais des devoirs.

L’opposition est fatale ;

La punition sans appel

Leur coupe à jamais les ailes,

Et s’acharnant de plus belle

Sur ces tristes corps de femmes

Pensant en détruire l’âme,

Ils lapident et saccagent

L’enveloppe corporelle

Jetée en pâture aux lâches.

Mais quand la charge est trop lourde,

Quand les rêves sont plombés,

Quand nulle fenêtre n’ouvre

Sur l’avenir espéré

Quand l’espoir est trop infime

Quand la vie n’a plus d’attrait,

D’innocentes jeunes filles

Et femmes trop accablées

De détresse se suppriment,

Reprenant leur liberté.

Où est passée la joie

– À ma sœur –

Où est passée la joie ?

Elle pleure à Gaza, dans les villes d’Ukraine,

Sur la terre arménienne et celle d’Israël,

En Birmanie, Congo, Éthiopie et Sahel,

Ou tant d’autres endroits que l’on évoque ou pas

Où est passée la joie ?

Elle survit partout où l’être se libère ;

Là où l’homme se lève au milieu de ses frères

Et renaît dans le choix de refuser de taire,

Pour ne plus laisser faire, ce qui ne nous plaît pas