Se peut-il

Se peut-il que demain,
Sur un communiqué,
Le monde soit en guerre
Malgré tous nos souhaits ?!

Se peut-il qu’il y ait
Des gens assez blasés
Pour vouloir une guerre
Et s’en gargariser ?!

Se peut-il qu’au Proche Orient
L’on prône comme sacrées
Les vertus d’une « Guerre Sainte »
Et qu’à mourir ils soient prêts ?!

Se peut-il que « différence »
Ne signifie déjà plus
L’enrichissement mutuel
Qu’elle aurait toujours dû être ?!

Se peut-il que la violence
Gagne sur la tolérance
Et que la haine engendrée
Broie des êtres sans défense ?!

Se peut-il que les gens
Aient à choisir leur camp ;
Que les amis passés,
Ennemis à présent,
Cherchent à s’éliminer ?!

Se peut-il que l’on soit
Déserteur ou planqué
Lorsque l’on ne veut pas
À la guerre se mêler ?!

Se peut-il que les hommes
Soient à ce point bornés
Qu’ils ne puissent tirer
Des leçons du passé ?!

Libertatea

Lourd sera le prix de la paix ;
Des innocents sont massacrés
Les morts se comptent par milliers
Et l’on s’apprête à arroser
Une nouvelle décennie…
À quoi sers-tu, Démocratie,
Si tu te tais ?!

Le monde avance et tremble aussi
À coup de douloureux conflits ;
À Panama, en Colombie,
Au Cambodge comme au Chili,
De Pékin jusqu’en Roumanie,
En Iran et si près d’ici…
Toujours la répression sévit.

Les dictatures ont la peau dure,
D’autant plus que pour réagir
On attend qu’advienne le pire.
Mais à qui profite le crime ?!

À l’Est on démolit le Mur…
Et qui pourrait bien arrêter
Un peuple épris de libertés,
Celles-là mêmes qu’on a fêtées
Aux accents de la Marseillaise,
Avec notre Bicentenaire ?!

Deux cents ans après les succès
De la Révolution Française,
Elle sert toujours de modèle
Aux insurgés du monde entier ;
Quand les persécutés se lèvent
Pour dire : « Assez ! »

Mais l’oppression ne finit pas
Où la révolution s’achève…
Comment résister aux excès
Qui font suite à cette euphorie,
Lorsque tout semble enfin permis
Et que les plus zélés peut-être
Sont ceux qui retournent leur veste ?!

Car après la Victoire
Tout reste à mettre en place
Tout est à décider.
L’ancien régime est aux aguets,
Des éléments incontrôlés
Risquent de déstabiliser
Ces gouvernements provisoires…

Mais qui est préparé
À pouvoir y faire face ?!
Les bonnes volontés
Se lancent dans l’arène
Sans filet.

Et nous qui restons pétrifiés
Devant nos postes de télé,
S’il faut que nos enfants soient fiers
Du patrimoine qu’on leur laisse,
Il est temps de se secouer !
Choisissons d’être acteurs
Plutôt que spectateurs !!!

Il reste encore tant à faire,
Peut-on décemment somnoler
Sous les lauriers de nos ancêtres ?!
Prenons garde pourtant ;
Agir activement
Sous-entend de le faire
Avec discernement…

Soyons mieux informés
Soyons plus impliqués
L’Histoire s’écrit sans répit
Avec les encres de nos vies.

Osons nous exprimer
Sur ces sujets brûlants
Qui ne peuvent laisser
Personne indifférent,

Ayons assez de cran
Pour penser autrement
Et retenir les gestes
Avant qu’ils dégénèrent
Et se tâchent de sang,

Soyons facteurs de paix
Et porteurs de lumière,
Et s’il faut se mouiller
Soyons prêts à le faire.

Quand Paris dansait

Quand Paris dansait avec Marianne,
Quand Paris dansait, vous souvenez-vous ?
Quand Paris vibrait sous les barricades,
Quand retentissait le fracas des armes ;
C’est La Carmagnole que l’on apprenait !

Quand Paris chantait avec Marianne,
Quand Paris chantait, vous souvenez-vous ?
Ces hymnes féroces aux refrains guerriers
Qui ouvrent la voie de la liberté
Par des bains de sang systématisés,
Pour des Droits précieux que l’humanité
Voudrait bien ne plus savoir bafoués… ;
C’est le Ça ira que l’on entonnait !

Quand Paris riait avec Marianne,
Non, vous n’allez pas vous en rappeler…
On ne riait pas durant les saccages
Que couvraient les chants révolutionnaires,
Quand tombaient les têtes de ces tortionnaires
Qui avaient laissé le peuple affamé.
Combien de bourreaux, combien de victimes,
Ont connu le fer de la guillotine ?

Siècle des Lumières, vous vous méprenez ;
La pieuvre assassine n’a pas succombé,
Marianne n’est pas encore sauvée !

Convention

Elles disent que j’ai tort
De m’attacher si vite
De m’accrocher si fort,
Et que sans une invite
Ce sont de vains efforts…

Elles disent que c’est l’homme
Qui fait le premier pas
Et que c’est à la femme
De refuser ou pas ;
C’est dans l’ordre des choses
Si les hommes proposent
Et les femmes disposent…

La femme amoureuse
Laisse son amant
Décider du lieu,
Choisir le moment,
Et surtout ne prend
Pas de directives…
Mais l’initiative,
Au lit c’est charmant !

Une femme honnête
Ne sort pas du rang ;
Une femme fière
Ne joue pas le jeu
De son prétendant…

On dit volontiers
Qu’un homme est sincère
Quand il est capable
De laisser tomber
Ce qui lui est cher
Pour sa bien aimée…

Mais l’on se condamne
À brève échéance,
À vouloir tuer le peu de son âme
Dont l’indépendance semble déplacée…

Au lieu de refouler
Nos fougueuses pulsions,
Mieux vaut apprendre à vivre,
Conscients de nos désirs,
Afin d’éviter qu’ils ne fassent
Un jour surface,
Sans avoir été invités,
Et viennent alors tout gâcher…

Or les femmes, à ce qu’il paraît,
Ont dans la peau leur savoir-plaire,
Dans le cerveau leur savoir-faire
Que des décennies de pratique
Ont permis de perfectionner…

Celles qui manquent de technique
Devraient-elles mentir ou tricher,
Ne plus s’écouter elles-mêmes
Pour ne pas, leur vie tout entière,
Se consumer à sens unique,
Sans être payées de retour
Par un tout petit peu d’amour ?

Faut-il appâter de ses charmes
Tous les poissons des environs,
Et pour un seul qui nous désarme
Laisser les autres à l’hameçon ?

Si vivre avec son temps
C’est ne faire attention
Qu’à sa propre satisfaction,
Alors je suis résolument
D’un siècle différent…
Mais nager à contre courant,
Quand on est seul, c’est pas marrant.

Viols

Des fillettes outragées,
Parfois des garçonnets,
Comme des fleurs sauvages
Méchamment piétinées,
Consciemment abîmées ;

Des êtres sans défense
Choqués et condamnés,
Fauchés dans leur enfance
Par quel homme frustré ?

Quelle atroce démence,
Quel esprit de vengeance,
Quel démon refoulé
Ou quel abject trophée,
Les poussent à commettre
Ces crimes pitoyables,
Actes irréparables ?

Faut-il restituer
La peine capitale
Pour celui qui saccage
En toute impunité,
Ou le tuer sur place
Comme on l’a suggéré,
Ou encore l’enfermer
Jusqu’à ce qu’il trépasse ;

Le laisser, et attendre
La justice immanente,
La punition divine,
Ou bien à l’acculer
À son inévitable
Dernière extrémité,
Le pousser au suicide ?

Comme on est désarmé
Lorsqu’il faut condamner
Une humaine existence ;
Et quelle est la sentence
La mieux appropriée ?
Sait-on vraiment juger
Ces meurtres abominables
Qui font à ces minables
Tant de publicité ?

Quoi que l’on fasse
Quoi que l’on dise
Rien n’efface le pire,
L’épreuve traumatise.
Car seule la mort emporte
La marque indélébile
Des chairs martyrisées
Et les rêves souillés
Des êtres abusés.

Alors faisons en sorte
De ne jamais laisser
Les enfants désarmés
Face à l’adversité
D’une perversité 
À laquelle ils seront,
Comme nous le craignons,
Sans doute confrontés.