Quand une année s’achève
L’autre prend la relève.
On rêve d’une trêve
Dans la course du temps
Et dans l’enchaînement
Des mauvaises nouvelles.
Tant de résolutions
Traversent les esprits,
Se partagent, se prennent
À l’oral ou l’écrit…
On transmet ses bons vœux,
On souhaite la santé,
Un bonheur contagieux,
L’amour et l’amitié
On voudrait que la paix
Règne enfin sur la Terre,
L’on croit et l’on espère
Que tout peut s’arranger.
Dès que l’année démarre,
Chaque premier janvier,
C’est un nouveau départ.
On se sent habité
D’une belle énergie,
Une grande empathie
Toujours renouvelée.
Est-ce réalisable ?
Et serons-nous plus sages ?
Apprenons à tirer
Les leçons du passé ;
Évitons la colère,
La haine, les regrets,
Le temps perdu passé
En stériles procès.
Refusons la misère
La plus élémentaire,
Affective, matérielle,
Et la spirituelle,
Trop souvent négligée.
Œuvrons pour dépasser
Les propos qui enferment,
Les pensées affligeantes,
Les appétits vulgaires
Ou les idées clivantes,
Savourons le présent,
Vivons sans se lasser
Chaque pas en avant,
Chaque petit progrès
Transmettons le respect,
Répandons l’allégresse,
Célébrons la beauté
De l’âme et de la Terre,
Aimons avec tendresse
Cherchons la vérité,
Accueillons la lumière,
Soyons juste sincères.
N’est-ce pas l’essentiel
Que l’on puisse espérer ?
J’aimerais pour nous tous
Une année toute douce,
Riche de poésie,
De projets inspirants,
De rendez-vous charmants
Et d’hymnes à la vie.
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- Une hirondelle en hiver
- Une petite grand-mère
- Viols
- Vivre
- Voilà la situation
- Vous nommez ça comment
Tu parles de ta fin
Tu parles de ta fin avec tant d’insouciance,
Même si l’on sait bien qu’elle est inéluctable,
Comme si ta droiture te protégeait du mal
Et des vaines angoisses de tant d’êtres humains.
Tu parles de ta fin avec tant d’innocence
Que j’en reste troublée encor longtemps après,
Comme si l’existence n’était juste, au final,
Qu’une petite étape avant d’aller plus loin.
Tu parles de ta fin avec tant d’espérance,
Que tu parviens encore à me persuader
Que tu auras le temps de te réaliser
Avant de retourner aux tout premiers rivages.
Tu parles de ta fin avec tant d’évidence,
Comme si ça n’avait rien d’une vraie menace,
Comme si le Seigneur saluait ton audace
Et te guidait toujours de son esprit serein.
Tu parles de ta fin avec tant d’assurance,
Comme si tout cela n’avait pas d’importance,
Comme si tu n’avais déposé tes bagages
Que le temps de capter dans la réalité
L’essentielle beauté, la lumière admirable,
L’incroyable énergie qui brille dans ton âme,
Pour les restituer dans chacune des toiles
Que tu offres au monde en guise d’héritage.
Equilibre
Perché seul sur l’antenne,
Scrutant la ville floue
D’un brouillard matinal
Réfractant doucement
La clarté incertaine,
Ce Pigeon est debout,
Tel un gabier posté
Au cœur de nulle part,
Fixant cet océan
D’immeubles, de maisons,
De routes, de trottoirs,
Entre béton, ciment,
Goudron, verre et métal.
Sur son mât de misaine
Il observe la scène ;
Se demandant peut-être
Comment les hommes font
Pour ainsi saccager
Irréversiblement
Ce monde qu’on leur prête,
S’efforçant de survivre
Dans ce décor stérile
Et inhospitalier,
Au lieu de s’amender
Et reconsidérer
Leurs projets insensés.
Quand vont-ils réagir,
Cesser de bousculer
Ce fragile équilibre,
Apprendre à partager,
Si c’est encore possible,
Cette belle planète
Pour vivre en harmonie,
Avec les autres êtres ?
La balle est maintenant
Dans le camp de tous ceux
Qui n’ont pas froid aux yeux
Et, relevant la tête,
Faisant fi du passé,
Changeront leur présent
Et seront exemplaires
Pour qu’un lendemain vienne,
Dans la douce lumière
Des peuples éveillés.
A celles et ceux qui ne peuvent pas écrire
Je pense à celles et ceux qui ne peuvent écrire
Car ils sont à la peine et craignent de mourir,
Parce que chaque jour est un nouveau défi,
Qu’ils souffrent dans leur chair et luttent sans merci.
Je pense à celles et ceux qui ne peuvent écrire
Tandis que leur esprit s’éclipse ou se déchire,
Parce que cela même est inenvisageable,
Car ils sont hors du temps, sans feuille ni stylo,
Parce que leur cerveau est pris dans un étau
Et que s’en évader est inimaginable.
Je pense à celles et ceux qui ne peuvent écrire
Parce que c’est la guerre, qu’ils connaissent le pire,
Ou bien laissés pour compte, dépourvus d’avenir,
Obligés de passer en mode de survie
Dans une société dite démocratique ;
Quand les besoins primaires prennent toute la place
Qui reste dans la tête, entre la peur panique
D’une agression physique, la recherche d’un gîte,
D’un couvert et d’un lit où l’on puisse dormir…
Je pense à celles et ceux qui ne peuvent inscrire
Leurs phrases ou leurs rimes sur le moindre cahier,
Parce que privés de mots ou ne sachant écrire
Ils se trouvent coupés de cette activité,
Étrangers malgré eux dans leur propre pays…
Et moi qui m’apitoie sur mes petits émois,
Le bonheur et la joie, la beauté qui s’invite,
Les oiseaux, le soleil et la douceur de vivre,
J’ai le cœur qui se serre en évoquant cela.
Grain de sable au tribunal
Briques et béton
Bois et métal
Et des bavards en toge noire
Avec une touche d’hermine.
Brouhaha et conciliabules
Dans les couloirs, les vestibules ;
Certains s’asseoient, d’autres se lèvent,
Parfois hésitent, vont et viennent
Ou se résignent sur un banc
La mine grave et le teint blanc.
Les dossiers s’empilent au greffe
De la Chambre correctionnelle :
Histoires emmêlées
Classées dans des chemises
Aux couleurs variées,
Unique fantaisie.
Humour et poésie
Ne sont guère de mise
Dans ce lieu si sérieux,
Où le trac nous saisit.
Les magistrats font leur entrée,
Tout se prépare et s’organise.
Les pièces et les conclusions
Changent de main pour qu’aboutissent
Les décisions de la justice,
Dans le respect de l’instruction.
C’est alors que le grain de sable
Soudain se prend dans les rouages
De la machine bien huilée :
Avec son manteau, son bonnet,
Resté debout près de l’entrée,
Un homme attend dans le prétoire
Les yeux fermés, coupé du monde,
Comme en méditation profonde…
On interpelle à haute voix
Ce visiteur un peu à part.
S’ensuit un interrogatoire :
Qui est-il et que fait-il là ?
Vient-il témoigner à la barre ?
Est-il aidé d’un avocat ?
S’est-il trompé de tribunal ?
Il s’avance, en plein désarroi,
Sa détresse est vraiment palpable.
Puis s’adressant aux magistrats
Il commence sa narration ;
S’insurge contre la justice ,
Et demande réparation,
En dénonçant l’inacceptable
Enchaînement de préjudices
À l’impossible échappatoire,
Qui le conduit au précipice…
Est-ce déjà le purgatoire ?
Un instant décontenancée
La Cour demande à ce qu’il sorte.
N’ayant pas tous les éléments
Pouvant instruire son affaire,
Il doit attendre qu’elle reporte,
Sans s’obstiner, son jugement.
Mais il refuse de se taire
Car cela serait sans compter
Cette belle opportunité
D’exposer en pleine lumière
Et devant un tel auditoire
Sa lente descente aux enfers…
Il nous livre la tragédie
D’un accident, quatre ans avant,
Le plaçant au rang de victime
D’un chauffard qui, prenant la fuite,
Le laissa blessé et gisant…
Il énumère les galères
Qu’il a subies et traversées,
Et tout son être se rebelle ;
Une opération mal passée
Dont il porte encor les séquelles
Et ne digère pas l’offense ;
Toutes ces années de souffrance,
De formalités aberrantes
D’une opacité confondante
Qui ajoutèrent leurs barrières,
Peu à peu se muent en colère.
Travail perdu, couple brisé,
Rêves déçus, destin gâché…
Un soutien jamais arrivé.
On redemande qu’il sorte.
Une avocate l’exhorte
À la suivre pour tenter
De régler ce casse-tête,
Mais il refuse tout net
De suivre la sommation.
Alors quelques policiers
Viennent le raccompagner
À l’extérieur de la pièce,
L’entraînant sans le brusquer
Dans l’intimidant sillage
Que leur octroie leur fonction.
Qui sait comment il se nomme
Et ce qu’il fera demain ?
Qu’adviendra-t-il de cet homme
Dont j’ai croisé le chemin
Sans avoir d’autre pouvoir
Que celui de relater
Et partager son histoire ?
Peu à peu, en chuchotant,
Les parties se reconcertent,
Puis tout naturellement
Les avocats entrent en scène
Et les audiences reprennent.
