Roulé-boulé dans la poussière

Roulé-boulé dans la poussière,

Aiguilles sèches et graviers,

Pour une étreinte mortifère

Où l’on ne peut pas distinguer

Les combattants dans la mêlée.

Après l’attente interminable

D’une issue qui semblait fatale,

Nous laissant le souffle coupé ;

Dans l’air étouffant de l’été

Le frelon son étau relâche,

Par je ne sais trop quel miracle,

S’envolant sans se retourner

Sous le couvert sombre des arbres

Il reste à terre une cigale

Qui ne sait plus où elle en est.

Plumbagos éclatants

– À Bruno S. –

Plumbagos éclatants, au bord de la piscine ;

Doux camaïeux de bleus sous un ciel insolent

Dont l’azur implacable aux intenses pigments

Ajoute ses reflets au turquoise liquide

Petites fleurs bleutées aux pétales fragiles,

Détachées une à une au fil des jours passés,

Tombent en se collant le long d’une eau limpide,

Sur les contours boisés où chaque pas dessine

Son empreinte mouillée, si vite évaporée

Où s’en vont les Martinets

– À Thierry L.-C. –

Où s’en vont les Martinets

Quand le soleil s’est couché,

Quand le ciel s’encre de noir,

Que leurs sifflets ont cessé ?

Où s’en vont les Martinets

Quand, échappant à nos yeux

Dans le soir silencieux,

Ils se fondent dans les cieux ?

Vont-ils vers d’autres contrées,

Là où naissent les nuages,

Dans les lueurs argentées

D’une lune aux joues nacrées ?

Où s’en vont les Martinets,

Après la ronde apaisée

Où ils se laissent porter

Par les courants élevés ?

Jouent-ils avec les nuages,

Floconneux et lactescents,

Rêvent-ils près des étoiles,

Planent-ils au gré du vent ?

Où s’en vont les Martinets

Quand le soleil s’est couché,

Quand le ciel s’encre de noir,

Que leurs sifflets ont cessé ?

Vont-ils décrocher la lune

Pour venir nous l’apporter,

La caressant de leurs plumes

Pour mieux la faire briller ?

Ephémères

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept

Patientent les Éphémères

En semis sur les carreaux,

Frêles esquifs amarrés

Sur la paroi verticale,

Leurs ailes fines dressées

Comme autant de chars à voile

Se préparant au départ

D’une course programmée

Lentement ces éphémères

Que l’on croirait pétrifiés,

Ou peut-être hypnotisés

Par ce miroitant reflet ;

Se transforment, solitaires,

Et restent, troublant mystère,

Sans rien boire ni manger,

Les ailes jointes serrées

Dans une même prière

Au petit matin ils quittent

L’enveloppe de chitine,

Libérant leurs corps léger ;

Abandonnant leur mue grise

Restée fixée à la vitre

Pour terminer en beauté

Dans une ultime envolée,

Ballet d’amour éphémère,

Leur existence si brève