Cygne d’étang

– À ma fille –


Forêt profonde aux troncs serrés

Lignes brouillées, stries ondulées,

Reflets tremblants sur l’eau ridée

D’un étang où les ombres noires

N’en finissent pas d’osciller,

Troublant l’éclat de son miroir

Et sur ces rameaux projetés,

Dans ce décor particulier

Zébrant de fusain l’eau limpide,

Un cygne passe, immaculé,

Poursuivant sa route, impassible

Voit-il éclore sa beauté

Ou sa grâce se refléter

Sur l’ondoyant tapis liquide ?

Sait-il seulement qui il est,

Sous son apparence impavide ?

Le bel oiseau majestueux

Ignore son reflet qui danse

Sur un fluctuant camaïeu

De beiges, de bruns et d’orange

Et, lissant ses rémiges blanches,

Il passe comme une évidence

Sillage d’eau et de duvet,

Esprit des eaux ou des forêts

Venu ce soir nous visiter

Pour laisser la sérénité

Gagner nos âmes égarées.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *