De ma table

De ma table de travail,
Entre les pierres et le ciment
Des hauts murs des bâtiments
Et le peu d’horizon
Que me laissaient les toits
Au-dessus de Paris,

J’ai vu se colorer
Un morceau de ciel gris
Par chance rescapé
D’une ville étouffée
Par trop de constructions.

J’ai vu cette lumière
Belle et douce à la fois,
Un avant-goût d’Eden
Pour qui sait apprécier
Les beautés de ce monde ;

J’ai vu se dérouler
En fondu enchaîné
La valse des rosés,
Subtils et délicats,
Les teintes de safran,
Les pêche et orangés…

J’ai vu chaque seconde
De nouvelles couleurs
Qui visitaient la gamme
Des bleus jusqu’aux violets
En passant par le parme ;
Des camaïeux légers
Aux pigments concentrés,
De l’outremer foncé
À l’indigo intense,

Jusqu’à ce que la vue
Que j’ai de ma fenêtre
Ait soudain disparu,
Happée par la nuit d’encre
Bien que ce ne soit pas
Encore l’heure que je rentre.

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